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Anis Amri, un criminel dangereux, connu, surveillé, sur le point d'être expulsé et toujours libre

Alors que le supsect principal de l'attentat de Berlin court toujours, des éléments de plus en plus nombreux viennent compléter son portrait et son parcours. Une chose est sûre, l'homme était loin d'être un inconnu aux yeux des autorités.

Visage épais et barbe, selon une photo diffusée par le parquet antiterroriste, le terroriste Anis Amri, 1,78 m pour 75 kilos, est considéré comme «dangereux» et peut-être armé, selon les autorités allemandes. 

Le 22 décembre, les autorités allemandes ont confirmé que les empreintes digitales de l'auteur présumé de l'attentat ont été retrouvées dans la cabine du poids lourd.

S'exprimant sur le sujet, le ministre de l'Intérieur allemand Thomas de Maizière a affirmé que des indices prouvaient que le principal suspect, Ani Amri, était «selon toute probabilité vraiment l'auteur» de l'attentat de Berlin.

Toujours dans la nature depuis l'attaque qui a fait douze morts le 19 décembre au soir, Amri est loin d'être un inconnu par les services de police allemands.

Criminel, radicalisé et connu depuis longtemps des autorités

Son parcours n'est pas celui d'un réfugié lambda qui aurait quitté son pays (en l’occurrence la Tunisie) pour trouver une vie meilleure en Europe. L'acculumation des informations de l'enquête montrent qu'Anis Amri avait déjà un passé largement criminel et qu'il n'est pas entré en Europe dans l'unique but de s'y installer.

D'après son père, interrogé par la radio tunisienne Mosaique FM, Amri a quitté la Tunisie il y a sept ans et a purgé une peine de quatre ans de prison en Italie pour l'incendie d'une école. Dans son pays, il avait également écopé de cinq ans de prison pour vol qualifié. 

En juillet 2015, Anis Amri est donc entré en Allemagne en provenance d'Italie, selon le compte rendu des autorités allemandes le 21 décembre. 

Peu de temps après être arrivé sur le sol allemand, en juillet 2015, il a été arrêté (en août) dans la ville de Friedrichshafen, dans le sud du pays, avec un faux document d'identité italien et relâché presque aussitôt, selon les responsables de l'enquête. 

En avril 2016, il a demandé l'asile dans la région de Rhénanie du Nord-Westphalie, où il a résidé durant un certain temps, d'après Ralf Jäger, le ministre de l'Intérieur de cette région fédérale.

Lorsqu'il a déménagé à Berlin, les autorités ont continué à le surveiller. Depuis mars 2016, il était ainsi visé par une enquête confiée au parquet de Berlin pour «préparation d'un acte criminel grave représentant un danger pour l'Etat» et soupçonné de préparer un braquage pour acheter des «armes automatiques et probablement ensuite, avec l'aide de complices qu'il voulait trouver, de commettre un attentat».

Selon un fonctionnaire allemand des services de renseignement sous couvert d'anonymat, Anis Amri avait aussi attiré l'attention des autorités allemandes pour ses liens entretenus avec le prédicateur salafiste Abu Walaa, connu comme «l'homme sans visage», pour son habitude à prêcher dos à la caméra.

Ce dernier a été arrêté le 8 novembre 2016, accusé de recruter des terroristes et de soutenir ouvertement l'Etat islamique. 

Malgré les filatures de la police, les investigations n'ont pas «pu confirmer les soupçons initiaux» qui pesaient sur Anis Amri. L'affaire a donc été classée, faute d'éléments suffisants et la surveillance a cessé en septembre.

Bien que clairement connu des autorités allemandes, Anis Amri a utilisé plusieurs alias, ainsi que des faux papiers.

Il était par ailleurs surveillé par les autorités en attendant sa procédure d'expulsion. Celle-ci a été décidée après que l'homme a été arrêté en possession de faux documents d'identité. Il a cependant été libéré, bien que considéré comme étant potentiellement dangereux par les autorités.

L'homme s'est ensuite déplacé à de nombreuses reprises dans le pays pour brouiller les pistes. 

Une fois l'identité du terroriste révélée, les médias se sont évidemment intéressés à son entourage familial. Il apparaît ainsi que les parents de Anis Amri, qui ont été interrogés par la brigade antiterroriste tunisienne, sont installés à Oueslatia, une bourgade du centre du pays à 60 kilomètres de Kairouan. Quatrième ville sainte de l'Islam, elle a été à ce titre un des bastions des salafistes tunisiens après la révolution.

Surpris et choqués, les proches d'Amri étaient loin de se douter de son parcours. 

«Quand j'ai vu la photo de mon frère dans les médias, je n'en ai pas cru mes yeux. Je suis sous le choc et je ne peux croire que c'est lui qui a commis l'attentat de Berlin», a dit à l'AFP Abdelkader Amri, frère du suspect.

«On a jamais eu l'impression qu'il avait quelque chose d'anormal. Il nous contactait via Facebook et il était toujours souriant et joyeux !», a affirmé de son côté sa sœur Najoua à l'AFP.

Il entretenait des liens avec Daesh

Amri n'était pas connu que par la police allemande. Les Etats-Unis aussi l'avaient dans le collimateur, après que les autorités ont découvert qu'il avait mené des recherches sur internet pour savoir comment fabriquer un engin explosif artisanal.

Selon des responsables américains cités par le New York Times et sous couvert d'anonymat, Anis Amri avait également communiqué avec l'Etat islamique «au moins une fois», via l'application Telegram Messenger et était par ailleurs inscrit sur la liste noire des aéroports américains.

Les autorités allemandes sous le feu des critiques

Malgré le parcours de cet homme violent et dangereux, les autorités allemandes n'ont toujours pas réussi à lui mettre la main dessus, ce qui scandalise l'opinion outre-Rhin. 

Stephan Mayer, porte-parole du parti conservateur de la CSU au Bundestag, s'est indigné du fait que les autorités allemandes n'aient toujours pas retrouvé un homme considéré comme dangereux, qu'ils étaient censés surveiller de près et qui par-dessus tout aurait dû être expulsé d'Allemagne il y a longtemps.

«Ce n'est pas comme cela que nous allons garantir la sécurité de l'Allemagne», a dénoncé l'un des responsables du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel (CDU), Armin Laschet, à propos des failles ayant empêché l'arrestation ou l'expulsion du terroriste.

«Les informations que nous avons sur la manière dont les autorités ont travaillé sont choquantes», a-t-il ajouté sur la radio publique.

Côté médias, on s'interroge également sur l'incapacité des autorités : «Comment se fait-il qu'il coure toujours ?», titre en Une le 22 décembre Bild, tandis queDie Welt parle de «ratages».

«Les autorités l'avaient dans le viseur et il a quand même réussi à disparaître», s'étonne le magazine Der Spiegel sur son site.

Pour le journal Darmstädter Echo, l'un des problèmes est la multiplication dans un Etat fédéral des échelons de pouvoir et des autorités.

«Pourquoi une telle personne a pu jouer au chat et à la souris avec les autorités chargée de son expulsion ?», demande le quotidien. «Le fédéralisme, s'il n'est pas conscient de ses problèmes inhérents, représente un risque pour la sécurité», ajoute-t-il.

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