International

DGSI : après PayPal et Google Earth, la CIA présente dans les logiciels du renseignement français

Le contrat a bien été signé entre la Direction générale de la sécurité intérieure et la société Palantir, financée par un fonds d'investissement de la CIA. La DGSI va donc utiliser une technologie non-propriétaire pour surveiller les réseaux sociaux.

Valorisée à quelque 20 milliards de dollars, la start-up américaine Palantir (la «pierre de vision» du Seigneur des anneaux) va fournir au renseignement intérieur français la technologie nécessaire pour «extraire, recouper et décrypter les précieuses données informatiques permettant d'identifier et de remonter les réseaux terroristes», c'est-à-dire, en clair, les algorithmes nécessaire à une surveillance de masse, notamment sur les réseaux sociaux.

«En l'absence d'une solution française et européenne, l'appel d'offres lancé récemment, vise à équiper les services de la DGSI d'un logiciel capable de traiter le "big data"», déclarait une source citée par l'AFP le 9 décembre 2016. Avant d'assurer : «Seule la DGSI traitera les données recueillies et non Palantir.»

Mais la délégation du recueil de données de renseignement à une société étrangère suscite des questions pour un pays, la France, jusque-là réputé indépendant en matière de renseignement. La ligne entre la collecte de données et leur traitement est mince. Il faudra donc faire confiance à Palantir pour ne pas transmettre les données à la CIA, l'un de ses actionnaires.

Ce n'est pas «secret», c'est juste «discret» et Palantir ne s'en cache pas : la société est financée par le fonds d'investissement de la CIA, In-Q-Tel, qui a également investi dans dans Google Earth ou Facebook. Ce fonds détient des participations dans les sociétés dont les technologies, à plus ou moins court terme, pourraient représenter un intérêt pour la CIA, c'est-à-dire pour l'espionnage de masse au nom de la lutte contre le terrorisme.

A la tête d'In-Q-Tel, on trouve notamment un certain Peter Thiel, cofondateur avec Elon Musk de PayPal, le système de paiement en ligne, véritable agrégateur de données personnelles bancaires.

In-Q-Tel, que l'on retrouve, aussi, vraisemblablement associé au jeu viral Pokemon Go, par le biais de toute une série de participations qui rappellent le principe des «poupées russes» : le jeu a été conçu par Nintendo et Niantic, une ancienne filiale de Google, créée par John Hanke, lequel a aussi fondé Keyhole, financée par... In-Q-Tel, comme l'a révélé Sputnik.fr. Google, Facebook, Google maps et Google Earth, CIA, DGSI... le mélange des genres est indéniable. 

N'en déplaise aux «Décodeurs» du Monde, ces derniers préférant mettre en cause le «site de propagande russe» d'abord sur ses scénarios «dignes d'un récit d'espionnage» (en l'espèce les utilisations possibles de Pokemon Go en matière de recueil de données), plutôt que de s'attaquer spécifiquement au travail de traçage des participations croisées.

Lire aussi : Trump ne croit pas aux conclusions de la CIA affirmant que Moscou a cherché à le faire élire