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Mario Monti : l’Europe ne peut pas être considérée comme un instrument des intérêts américains

L’empressement de Washington pour essayer d’armer l’armée ukrainienne a suscité une réaction franche de l’ancien Premier ministre italien qui a prévenu que l’Europe ne devait pas être considérée comme un instrument des intérêts américains globaux.

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L’ancien président du Conseil italien a récemment estimé sur la chaîne privée de télévision italienne LA7 qu’il y avait un risque manifeste de débordement du conflit ukrainien. « Maintenant, c’est une guerre limitée, mais soyez attentifs, vous [partisans des livraisons d’armes à l’Ukraine] créez parmi les Européens un climat de défiance et de malentendus mutuels qui pourrait nous emmener trop loin », a déclaré Mario Monti.

Quand on lui a demandé son avis sur la proposition américaine de fournir des armes aux militaires ukrainiens, en particulier des systèmes anti-chars et anti-mortiers, l’ancien Premier ministre italien a affirmé qu’il croyait qu’une telle décision serait « intolérable » pour la Russie.

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« Je pense que les Etats-Unis ne réalisent pas toujours que l’Europe a ses propres problèmes et qu’elle ne peut pas être vue seulement comme un instrument des intérêts américains globaux », a expliqué Mario Monti. Ce dernier a aussi fait remarquer que l’Occident pourrait payer un prix élevé en prenant la décision de rompre avec la Russie, ce qui lui coûterait un allié « dans la lutte contre le terrorisme ».

Longtemps considéré comme un technocrate et un homme de Bruxelles, Mario Monti, qui a succédé à Silvio Berlusconi en 2011, est considéré comme la voix perpétuelle de la modération en Europe. Ces déclarations ont fait écho aux propos similaires de l’ancien Premier ministre français François Fillon qui a annoncé sur France 5 dimanche que les Etats-Unis essayaient de « déclencher une guerre en Europe qui se terminerait par une catastrophe ».

Samedi, Nicolas Sarkozy a déclaré que l’Europe avait « une civilisation en commun avec la Russie », soulignant qu’il était nécessaire d’éviter un conflit sur le continent. « Les intérêts des Américains avec les Russes, ce ne sont pas les intérêts de l’Europe avec la Russie », a souligné l’ancien président français avant d’affirmer : « Nous ne voulons pas de la résurgence d’une guerre froide entre l’Europe et la Russie ».

La présidente du Front National, Marine Le Pen, a pour sa part accusé Bruxelles de ne pas mener en Ukraine une politique indépendante de celle de Washington. « Les capitales européennes n'ont pas la sagesse de refuser de dépendre des positions américaines sur l’Ukraine », a déclaré aux journalistes français la présidente du parti français d’extrême droite. « Concernant l'Ukraine, nous nous comportons comme les valets des Américains », a-t-elle ajouté en précisant que « l'objectif des Américains est de déclencher une guerre au sein de l'Europe pour pousser l'OTAN jusqu'à la frontière russe ».