Le sommet du G7 se termine sur le climat alors que le temps est à l’orage. Dans un contexte de reprise des combats dans l’est ukrainien, les membres du G7 continuent de rendre la Russie responsable de la situation. Le sommet, qui se déroulait dans une localité bucolique de Bavière, a réuni les dirigeants de sept des plus grandes puissances mondiales. Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada étaient représentés. De même que l’Union européenne et des pays invités comme l’Irak, la Tunisie et le Nigéria.
Dans un communiqué, les membres permanents lient «la durée des sanctions contre Moscou à la mise en oeuvre intégrale des accords de Minsk» et «au respect de la souveraineté de l’Ukraine par la Russie». Une manière de balayer l'éventualité que l’escalade de violence qui touche le Donbass puisse être étrangère au Kremlin. Peu importe, le G7 menace même «de prendre d’autres mesures restrictives pour augmenter le coût pour la Russie si ses actions le rendent nécessaire». Traduction : d’autres sanctions.
Moscou semble bien loin de retrouver le siège qu’elle a obtenue progressivement à partir de 1998 faisant passer le G7 au G8. Pourtant, face aux enjeux des grandes puissances, beaucoup appellent à réintégrer la Russie. D’autres se montrent inflexibles.
Un sommet qui ne laisse pas la porte ouverte à un retour de la Russie
«M. Poutine doit décider s’il souhaite mener son économie au naufrage et isoler la Russie pour retrouver la gloire de l'empire soviétique ou reconnaître que la grandeur de la Russie ne repose pas sur la violation du territoire d'autres pays». Barack Obama ne semble pas enclin à entrevoir un retour de la Russie à la table du G8. Le président américain s’est à nouveau montré offensif pour ce dernier jour de sommet.
Leader du camp occidental, Obama peut compter sur le soutien indéfectible de la chancelière allemande. Le 21 mai, Angela Merkel n’avait pas laissé de place au doute : «Un retour de la Russie au sein du G8 n’est, pour l’instant, pas imaginable.»
Le plus virulent reste le Premier ministre canadien, Stephen Harper. Dans un récent entretien à AP, il déclarait ainsi : «Je ne pense pas que la Russie sous Vladimir Poutine ait sa place dans le G7. Point. Le Canada s'opposerait très, très fortement à ce que Poutine s'assoie à cette table à nouveau.»
Le président du Conseil européen s’est montré vindicatif. Alors que le communiqué des sept fait état d’une possibilité de prolonger les sanctions contre Moscou, Donald Tusk est rempli d’espoir : «J'espère que la décision formelle et technique (de prolonger les sanctions) pourrait être organisée par nos soins avant le sommet des leaders de l'UE qui se tiendra fin juin.»
Même Matteo Renzi, qui s’était dit «impatient» que la situation revienne à la normale, est resté bien silencieux. Le président du Conseil italien, avait rencontré Vladimir Poutine en mars dernier pour parler business. Vous l’aurez compris, du côté du G7, c’est l’unanimité qui prime. Pas question de repasser au format à huit.
Des partisans d'une réintégration au sein même des gouvernements du G7
Dans la mécanique bien huilée de l’opposition à la Russie, parfois le moteur se grippe. Frank-Walter Steinmeier, ministre allemand des Affaires étrangères s’est récemment prononcé en faveur du retour de Moscou dans le G8. «Nous avons besoin de la Russie afin de résoudre une série de problèmes relatifs aux conflits gelés en Europe, en Syrie, en Irak, en Libye, ainsi qu'au programme nucléaire iranien», a-t-il précisé. L’exclusion d’un allié potentiel tel que la Russie du concert des grandes puissances ne plaît pas à tout le monde.
Le terrorisme, au coeur du sommet du G7, est dans toutes les têtes. Dans un communiqué, les membres ont demandé à ce que la lutte contre le terrorisme soit «la priorité de la communauté internationale dans son ensemble». Dans le même temps, le ministre allemand de la Coopération économique et du Développement, Gerd Müller appellait aussi de ses voeux la réintégration de la Russie qu’il juge «nécessaire pour trouver une solution à la guerre civile en Syrie».
Plus largement, nombre de politiques en Europe s’opposent fortement à l’isolement de Moscou par l’Occident. En France, de Jean-Luc Mélanchon jusqu’à Marine le Pen en passant par Nicolas Dupont-Aignan ou Philippe de Villiers, tous pointent du doigt cette mise au ban qui serait une erreur stratégique.
C’est également l’avis de bien des experts. Dont certains l'affichent depuis la mise à l'écart russe en mars 2014. Au lendemain de l'événement, Amine Ait-Chaalal, directeur du Centre d'études des crises et conflits internationaux (CECRI) analysait la situation de la manière suivante : «Personne n'a intérêt à exclure la Russie du jeu mondial. La Russie est membre permanente du Conseil de sécurité, la Russie a l'arme nucléaire, la Russie est une puissance et Vladimir Poutine, qui est au pouvoir, même avec l'intermède Medvedev, a replacé la Russie au centre de l'actualité mondiale. On l'a bien vu avec le dossier syrien. Donc personne n'a intérêt à exclure la Russie.»
Le désormais G7 a exclu de fait Moscou en mars 2014 suite au rattachement de la Crimée à la Russie, qualifié d”«annexion» par certaines puissances occidentales. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré que la Russie se montrait «attentive» aux déclarations du G7. Il a souligné que «certains parlent de la nécessité d'un dialogue avec la Russie et de l'impossibilité de régler de sérieux problèmes en l'absence d'un tel dialogue.» Précisant que Moscou «continuerait à suivre cela de près».