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Matteo Renzi remplacé par Paolo Gentiloni à la tête du gouvernement italien

Le ministre sortant des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, va prendre la tête du gouvernement italien, mettant ainsi fin à la crise issue de la démission de Matteo Renzi après le rejet de son référendum. L'opposition dénonce un «Renzi-bis».

La perspective d'élections anticipées début 2017 semble désormais s'éloigner, d'autant que le nouveau gouvernement de ce proche de Matteo Renzi aura la charge de faciliter un accord sur une nouvelle loi électorale.

«Nous travaillerons dans le cadre du gouvernement et de la majorité actuelle», a indiqué Paolo Gentiloni, 62 ans, nommé le 10 décembre au poste de président du Conseil italien par le chef de l'Etat, Sergio Mattarella. 

Homme discret et réservé, Paolo Gentiloni doit encore formellement accepter cette nomination et former son équipe avant un vote de confiance qui pourrait avoir lieu dès le 14 décembre, selon des sources politiques.

Le président Sergio Mattarella a nommé ce diplomate de caractère, à l'issue de trois jours d'intenses consultations politiques.

Le 10 décembre, le chef de l'Etat italien avait promis qu'il annoncerait «dans les prochaines heures» une solution à la crise politique ouverte que connaît le pays, après le «non» massif des Italiens au référendum constitutionnel qui a entraîné la démission de Matteo Renzi, le 7 décembre dernier.

Candidat malheureux aux primaires pour la mairie de Rome en 2012, Paolo Gentiloni va désormais diriger un gouvernement «dans la plénitude de ses fonctions», selon le souhait exprimé le 10 décembre par le président Sergio Mattarella. Au grand dam des populistes du Mouvement Cinq Etoiles, qui réclamaient avec insistance des élections au plus vite et un gouvernement qui se contente de «gérer les affaires courantes».

L'opposition voit en Gentiloni un clône de Renzi

Dénonçant un «Renzi-bis», d'ores et déjà illégitime, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) a prévenu qu'il n'avait pas l'intention de participer au vote de confiance. «Nous ne voulons même pas légitimer ce gouvernement avec notre "non"», a déclaré Giulia Grillo, chef du groupe M5S au Sénat.

Paolo Gentiloni est en effet un fidèle de Matteo Renzi, qui a certes démissionné de son poste de Premier ministre, mais qui n'est pas prêt à renoncer à la politique pour autant. Dans une longue lettre aux Italiens, le Premier ministre sortant a d'ores et déjà assuré qu'il continuerait le combat, pour changer l'Italie. «On se voit bientôt, les amis», a-t-il conclu dans un message posté sur sa page Facebook.

Son successeur a confirmé après son entretien du 11 décembre avec Sergio  Mattarella qu'il «faciliterait» un accord sur la loi électorale au Parlement, mais rien ne dit que cet accord sera trouvé rapidement. Certains partis, y compris au sein de la majorité, ne se montrent en effet guère pressés d'affronter les urnes.

Une loi votée en mai 2015, baptisée «Italicum», prévoit le recours au scrutin majoritaire pour élire la Chambre des députés, alors que le Sénat l'est à la proportionnelle, ce qui complique considérablement la formation d'une coalition stable, au risque de rendre le pays ingouvernable.

Ce n'est qu'après l'harmonisation de cette loi électorale, probablement vers davantage de proportionnelle compte tenu du rapport des forces politiques, que des élections pourraient avoir lieu.

Une solution de continuité avait, selon la presse italienne, les faveurs du chef de l'Etat. Ce dernier a souligné le 10 décembre la nécessité pour l'Italie de disposer rapidement d'un gouvernement, afin que le pays puisse faire face à tous ses «engagements et échéances» au niveau national, mais aussi européen et international.

D'autant que la situation délicate dans laquelle se trouve la banque Monte dei Paschi di Siena (BMPS), la troisième du pays et la plus vieille du monde, depuis le 9 décembre a accentué la nervosité sur les marchés.

La Banque centrale européenne (BCE) lui a refusé le délai qu'elle demandait pour procéder à une augmentation de capital, ce qui pourrait la contraindre à se tourner vers le gouvernement pour se sortir d'affaire.

Un conseil d'administration de la banque est prévu pour l'après-midi du 11 décembre afin de décider de la marche à suivre.

Le fait que Paolo Gentiloni puisse se saisir sans tarder des grands dossiers internationaux a aussi joué en faveur de ce diplomate de caractère, apprécié de ses homologues étrangers. L'Italie prend l'an prochain la présidence du G7, le groupe des sept pays les plus industrialisés de la planète, et organise un sommet de ses dirigeants en mai à Taormine en Sicile. L'Italie fait également son entrée l'an prochain au Conseil de sécurité des Nations unies.

Paolo Gentiloni a en outre dû trouver un équilibre sur la politique de l'Italie vis-à-vis de la Russie. Alors que les Etats-Unis ont pressé les dirigeants européens d'adopter une ligne dure vis-à-vis de Moscou, Rome est parvenue à adopter un ton plus conciliant, arguant que l'Occident devrait travailler plus étroitement avec le président russe Vladimir Poutine pour résoudre la crise en Syrie et d'autres dans le monde.

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