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Percée de Pegida aux municipales de Dresde : le parti prospère malgré les sondages

Les habitants de Dresde se rendaient aux urnes, dimanche 7 juin, pour élire leur nouveau maire. Un scrutin marqué par le score du mouvement Pegida, qui rassemble bien plus de voix qu'anticipé et qui défit les enquêtes d'opinion.

Les élections municipales à Dresde (Saxe) ont réservé deux surprises. Tout d'abord, la cuisante défaite du candidat des conservateurs CDU, la parti d'Angela Merkel, qui arrive en troisième position avec 15,4% des voix, ce qui signifie la perte d'une nouvelle ville de plus de 500 000 habitants pour la parti de la chancelière. Mais surtout, l'inattendu succès de Pegida, le parti anti-islam, natif de la région.

D'après l'unique sondage pré-électoral, réalisé par l'université technique de Dresde, le parti n'aurait pas du récolter plus de 2% des suffrages exprimés dimanche 7 juin. Or, avec un score de 9,6%, Pegida et sa candidate Tatjana Festerling, ont atteint le pied du podium : en quatrième place derrière le candidat CDU. Une surprise totale pour les dresdois.

En effet, si le parti, a connu un succès fulgurant lors de ses premiers mois et la manifestation record de mi-janvier (qui a rassemblé 25 000 personnes dans les rues de Dresde), la formation était en perte de vitesse et de crédibilité.

Après avoir inspiré de nombreux citoyens dans toute l'Allemagne, Pediga a vu sa popularité baisser. En cause, tout d'abord, la démission forcée du leader initial du mouvement, Lutz Bachmann, contraint de quitter son poste le 21 janvier après avoir posté sur les réseaux sociaux une photo de lui déguisé en Hitler. Figure emblématique, son départ a été à l'origine de querelles internes et de premières divisions entre les cadres du parti.

Au-delà de la fragilité de son unité, Pegida souffre aussi de sa propre idéologie. Sa ligne politique s'appuie principalement sur le rejet des flux de population en provenance de pays musulmans (Pegida signfie « Mouvement des Patriotes Européens contre l'Islamisation de l'Occident »). Or, seul 2,8% de la population du land de la Saxe est issu de l'immigration. Si les problématiques de l'immigration et de l'intégration sont inhérentes à l'Allemagne du 21e siècle, ce décalage par rapport aux priorités locales de la ville de Dresde constitue un des pied d'argile du collectif.

Pour Pegida, ces résultats constituent un score impressionnant, même s'ils ne sont pas synonymes de victoire. Ils ne permettront pas au mouvement de disposer d'un pouvoir important, ni d'être décisionnaire au moment des choix politiques. Mais pour le parti, c'est un pied-de-nez aux oiseaux de mauvaise augure qui lui prédisait une fin anticipée. Fort de près de 10% des voix, c'est en légitimité qu'il a gagné. 

Le parti d’extrême-droite avait été créé au mois d'octobre dans la ville de Dresde où avait déjà vu le jour en 2004 le Parti National Démocrate (NPD), d'inspiration nazie. Anti-islam et eurosceptique, le mouvement s'habille d'une idéologie nationaliste, dont les dérapages xénophobes ont déjà créé la polémique. Aujourd'hui, Pegida a dépassé les frontières de la Saxe. De local, il est devenu national puis international. Des manifestations de ses membres ont eu lieu dans la plupart des grandes villes d'Allemagne (Berlin, Munich, Hambourg, Cologne...) et le mouvement est désormais représenté au sein des grands pays européens (Royaume Uni, Espagne, Autriche, Italie, France, et même au Québec.)

Aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue, un deuxième tour aura lieu le 5 juillet 2015. Quelqu'en soit le résultat, ces élections auront été marquées par les premiers gains électoraux de Pegida. L'avenir seul nous dira si ces suffrages seront révélateurs ou non d'un nouveau souffle pour le parti.