Après quatre ans passés enfermé dans l’ambassade d’Equateur à Londres, le célèbre lanceur d’alerte Julian Assange a décidé de jouer cartes sur table. Il a pour la première fois rendu public la totalité de sa version des faits concernant les accusations de viol qui lui ont valu d’être arrêté en 2010.
Son témoignage contient les détails de ce qu’il qualifie de relation sexuelle «consentie et agréable» avec une femme nommée «SW». Selon le lanceur d’alerte, cela se serait même produit à quatre ou cinq reprises.
Il affirme que plusieurs textos envoyés entre lui et «SW» prouvent que les relations étaient consenties.
«Je ne pouvais pas en croire mes yeux lorsque cinq jours plus tard, j’ai vu le titre d’un tabloïd suédois qui informait que j’étais suspecté d’un crime et que la police voulait m’arrêter. Je me suis immédiatement mis à la disposition des autorités suédoises pour clarifier la situation, ce que je n’étais pas obligé de faire», a-t-il expliqué.
Traitement «dégradant»
Dans ce témoignage long de 19 pages, Julian Assange se plaint d’avoir été sujet à «six ans de détention injustes, politisées et sans charges».
Il parle de «traitement dégradant, inhumain et cruel» et regrette que l’on ait refusé de lui accorder une défense durant le processus judiciaire.
«Je veux que les gens sachent la vérité sur le caractère abusif de ce procédé», a-t-il souligné. Avant d’ajouter : «Par ailleurs, dans le passé, l’accusation a fourni des informations partiales à des tabloïds qui me sont hostiles politiquement.»
Le fondateur de Wikileaks a justifié sa décision : «Il est mieux que ce témoignage, dont je suis satisfait et qui montre que je suis innocent, sorte dans son intégralité.»
Julian Assange est accusé d’avoir débuté une relation sexuelle avec «SW» alors qu’elle dormait. Selon les lois suédoises, cela constitue un cas de viol. Le lanceur d’alerte affirme être en possession de textos qui prouveraient que cela ne s'est jamais produit.
Des textos comme preuves
D’après le fondateur de Wikileaks, parmi les messages en sa possession, on peut notamment trouver :
- Le 14 août 2010, «SW» écrit à un ami en parlant de Julian Assange : «Je le veux, je le veux.»
- Le 17 août 2010, «SW» écrit à un ami que le couple a eu de longs préliminaires sans aller plus loin. Plus tard, après qu’elle ait fait l’amour avec Julian Assange, la même «SW» écrit que «cela s’est plutôt bien passé».
- Le 20 août 2010, alors qu’elle se trouve au poste de police, «SW» écrit qu’elle «ne souhaitait pas porter plainte contre Julian Assange» mais que la police «était désireuse de lui mettre la main dessus».
- Le 21 août 2010, «SW» écrit qu’elle «ne voulait pas accuser Julian Assange pour quoi que ce soit» mais que c’est la police «qui a porté les accusations».
Le lanceur d’alertes en veut beaucoup aux autorités. Il affirme que son interrogatoire en novembre dernier n’était «qu’une ruse pour trouver une faille» visant à le faire condamner «sans tenir compte» des réponses qu’il fournissait.
Il a déclaré avoir tenté de communiquer avec les procureurs suédois pendant six ans et ce par divers moyen. Il assure même être prêt à les voir sur le sol suédois si on lui donne la garantie qu’il ne sera pas extradé aux Etats-Unis où il craint d’être accusé d’espionnage.