Le chef de la diplomatie américaine, qui quittera le pouvoir le 20 janvier avec le reste de l'administration du président Barack Obama, a lancé devant l'institut Brookings une charge vigoureuse contre la droite au pouvoir en Israël, dressant un constat d'échec du processus de paix israélo-palestinien au point mort deux ans et demi.
«Il n'y a pas de statu quo. C'est de pire en pire. Ça va dans la mauvaise direction», a mis en garde John Kerry devant le Forum Saban de l'institut Brookings, une réunion annuelle d'experts sur les relations entre les Etats-Unis et Israël.
Le secrétaire d'Etat avait joué, en vain, entre juillet 2013 et avril 2014, le rôle de médiateur d'un processus de dialogue entre Israël et les Palestiniens.
Le 4 décembre, il s'en est pris à la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, que Washington considère depuis longtemps comme «illégitime» et comme principal obstacle à la paix.
«Je ne suis pas ici pour vous dire que les colonies sont la raison du conflit. Non, elles ne le sont pas», a d'abord tempéré John Kerry.
«Mais je ne peux pas accepter l'idée qu'elles n'affectent pas le processus de paix, qu'elles ne sont pas un obstacle à la possibilité de faire la paix. Et je vais vous dire pourquoi je le sais : parce que la gauche en Israël dit à tout le monde qu'elles sont un obstacle à la paix et parce que la droite les soutient car elle ne veut pas la paix», a tonné le chef de la diplomatie américaine.
Il a dénoncé le fait que les partisans de la droite israélienne «croyaient en un plus grand Israël» et qu'«ils voulaient bloquer la paix parce qu'ils voulaient que les colonies en Cisjordanie appartiennent à Israël».
John Kerry a déploré que «plus de 50% des ministres du gouvernement israélien actuel aient publiquement exprimé leur opposition à un Etat palestinien et déclaré qu'il n'y aurait pas d'Etat palestinien». Des déclarations, que le ministre américain considère comme «profondément troublantes».
Les parlementaires israéliens doivent examiner en première lecture un texte qui légaliserait quelque 4 000 logements israéliens construits en Cisjordanie, territoire palestinien qu'Israël occupe depuis 1967 et sur la majorité duquel il impose sa loi. Cet examen a été reporté le 30 novembre d'une semaine.
Une bonne partie de la communauté internationale, dont les Etats-Unis, redoute que le texte ne complique encore davantage le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens.