Déjà touchée à plusieurs reprises ces derniers mois par des attaques djihadistes, l’Allemagne semble être plus que jamais en danger. A en croire un rapport du gouvernement publié par Die Welt le 28 novembre, la moitié des combattants terroristes qui reviennent en Allemagne ne collaborent pas avec les autorités. Pire : ils restent loyaux à leurs idées.
Plus d’un tiers est déjà revenu
Conduit par le Bureau fédéral de la police criminelle (BKA), l’Office fédéral pour la protection de la constitution (BfV) et le Centre hessien de compétence et d’information contre l'extrémisme (HKE), le rapport fait 61 pages. On y apprend entre autres que 850 individus ont déjà quitté l’Allemagne pour se rendre en Syrie et en Irak. L’étude s’est intéressée à 784 personnes âgées de 13 à 62 ans qui ont rejoint Daesh, abhat al-Nusra or Junud al-Sham.
D’après les chiffres du rapport, plus d’un tiers (274) est déjà revenu en Allemagne. Et environ la moitié (48%) sont toujours dévoués à leur vision djihadiste. Encore plus inquiétant, les autorités sont convaincues que 8% d’entre-eux ont fait un «retour tactique afin de se procurer de nouveaux équipements ou de l’argent». Moins dangereux, 10% des terroristes seraient revenus après avoir connu une désillusion.
Des causes diverses et variées
Le rapport est riche de bien d’autres enseignements. Comme les motivations qui ont poussé ces djihadistes à se radicaliser sur le sol allemand. Plusieurs raisons ont été listées pour chaque personne. Plus de la moitié (54%) ont été influencés à travers leur groupe d’amis. Pour 48%, ce sont les mosquées radicales qui sont en cause tandis que 44% se sont radicalisés via internet.
Le phénomène de radicalisation se produit majoritairement dans des sphères sociales concrètes
Moins nombreux, 27% ont assisté à des séminaires prosélytes qui ont précipité leur conversion extrémiste. Enfin, 24% se sont vus distribuer des Coran par l’organisation «La vraie religion». Ces traductions du texte sacré étaient particulièrement strict d’après les experts. Considérée comme extrémiste par les autorités, l’organisation a été dissoute plus tôt ce mois-ci.
«Le phénomène de radicalisation se produit majoritairement dans des sphères sociales concrètes», explique le rapport. «Nous souhaitons davantage de prévention afin d’éviter que les gens dérivent vers l’extrémisme», a déclaré Peter Beuth, ministre de l'Intérieur du Land de Hesse, à Die Welt.
Nous souhaitons davantage de prévention afin d’éviter que les gens dérivent vers l’extrémisme
En 2013, le Lander a fondé le HKE dans ce but. Le centre répond directement de l’autorité de Peter Beuth. Le Land de Hesse est particulièrement concerné par le problème djihadiste. La région du centre-ouest allemand a connu le plus grand nombre de raids policiers le 15 novembre dans l’enquête sur le démantèlement du groupe «La vraie religion». Pas moins de 200 adresses en relation avec l’organisation et situées dans 10 Lander ont été visitées par la police.
D’après le rapport. encore un tiers des djihadistes qui ont fait le voyage jusqu’en Syrie et en Irak sont encore dans des zones de conflits. Un autre tiers est revenu et 12% sont derrières les barreaux.
Quid du tiers restant ? L’hypothèse la plus probable est qu’ils sont dans d’autres pays où leurs situations restent inconnues.
Un phénomène en baisse
Le nombre des départs en Syrie et en Irak en provenance d’Allemagne tend à baisser. Entre juillet 2015 et juin 2016, 49 départs ont été enregistrés contre environ une centaine par mois au cours de l’année 2014.
Un chiffre qui s’expliquerait selon le rapport par «le déclin sérieux de l’Etat islamique» mais également par le fait que Daesh appelle de plus en plus ses sympathisants à passer à l’acte dans leurs pays de résidence.
Pour Joachim Herrmann, ministre de l’Intérieur de Bavière, l’action du gouvernement paie : «Le travail des autorités, tout aussi bien concernant la surveillance comme l’arrestation des djihadistes qui partent ou rentrent, a un eu impact.»
D’après le rapport, 21% des djihadistes concernés sont des femmes. Un chiffre qui a tendance à augmenter. De même que celui des mineurs qui représentent 7% de l’échantillon. Autre enseignement majeur : Presque deux tiers (61%) sont nés en Allemagne. Les autres viennent majoritairement de Turquie, de Syrie, de Russie ou encore du Liban.
Mais la majorité de ces derniers possède la nationalité allemande; pour 27% dans le cadre d’une double-nationalité. Dans la plupart des cas, il s’agit alors de Germano-Turcs, Germano-Marocains et Germano-Tunisiens.