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Le G7 : une coquille vide ?

Que faut-il attendre du sommet du G7 qui doit se tenir les 7 et 8 juin en Allemagne ? Pas grand-chose. S'émancipant du domaine économique, les «puissants» n'hésitent plus à refaire le monde. Mais sans grand succès jusque-là.

Dans le dernier compte-rendu officiel du G7 (Bruxelles, 2014), la conclusion tient en une seule ligne : «Nous nous réjouissons de nous réunir sous la présidence de l'Allemagne en 2015». Ce qui précède ? Douze pages, faites essentiellement de déclarations de principe en matière d'économie, d'énergie, de changement climatique, d'environnement...et de diplomatie internationale. Iran, Syrie, Ukraine, Corée du Nord : le G7 a des choses à dire, mais peu à faire.

Créé en 1975, juste après le premier choc pétrolier, le G6 de Rambouillet réunit les grandes puissances économiques (Etats-Unis, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni et Japon) pour tenter d'harmoniser les économies mondiales et amortir les secousses.

Au fur et à mesure que le G6 grandit (avec le Canada puis la Russie), son champ d'action s'élargit également. Aujourd'hui, ces sommets économiques sont surtout une occasion pour les «puissants» de refaire le monde.

L'éléphant qui accouche d'une petite souris

Ainsi, parmi les médailles que l'on peut accrocher au revers de la veste des membres des grandes puissances économiques, il y a sans doute la création d'une base de données internationale des pédophiles. Une initiative qui permet en effet de lutter plus efficacement contre ces individus, insaisissables grâce à l'anonymat de l'internet.

Pour le reste, les comptes-rendus de ces sommets, qui confèrent plus à la déclaration de principe, se suivent et se ressemblent étrangemment : en 1992, les «7» s'inquiètent de la montée du chômage, en 1996, ils s'accordent sur un allègement de la dette des pays les plus pauvres et proposent des mesures pour lutter contre la drogue et le crime organisé, etc. En 2005, lors du sommet écossais de Gleneagles, le G8 va même jusqu'à promettre une aide à l'Afrique de 25 milliards de dollars. Le comité de suivi de ce projet, présidé par Kofi Annan, révèle en 2008 que le compte n'y est toujours pas.

«Nous sommes déterminés à aider les pays voisins à supporterla charge de l'afflux de réfugiés syriens», déclaration des «7» en 2014.

Et lorsque les «puissants» font de la politique internationale, les déclarations finales sonnent assez creux. En 2013, on peut ainsi lire dans le compte-rendu : «Nous sommes déterminés à travailler ensemble pour mettre un terme au bain de sang et aux pertes de vies humaines en Syrie, et à aider le peuple syrien à instaurer la paix et la stabilité par des moyens politiques.» En 2014 sur la Syrie toujours: «Nous sommes déterminés à aider les pays voisins à supporter la charge de l'afflux de réfugiés syriens». Iran, Corée du Nord, Ukraine, Mali, Libye: les «7» puissants décomplexés refont allègrement le monde le temps d'un week-end, dans leur hôtel grand chic.

La contestation dans la rue

D'ailleurs, dans la rue, ces sommets n'ont pas bonne presse. Notamment chez les altermondialistes qui en contestent la légitimité. A chaque sommet, son contre-sommet: tentes et manifestations bon enfant et braillardes.

Pourtant, en 2001, le sommet de Gênes est marqué par de terribles violences. Un manifestant est tué et 600 autres blessés lors d'émeutes et d'affrontements avec la police.

Ainsi, le sommet des 7 et 8 juin à Elmau en Bavière risque guère de redorer le blason de la vénérable institution. D'autant qu'avec l'éviction de la Russie, en 2014, les chances d'aboutir à un résultat intéressant, sur le front de la diplomatie internationale notamment, sont fortément hypothéquées. C'est l'avis de l'ex-chancelier allemand, Helmut Schmidt, qui prédit déjà des «résultats forcément décevants».

En savoir plus: Sans la Russie, les résultats du G7 seront forcément décevants