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Ukraine : Angela Merkel poursuit la défense du plan de paix à Washington (VIDEO)

Angela Merkel est en visite à Washington lundi pour tenter de garantir la paix en Ukraine. Washington et Berlin, alliés stratégiques dans d’autres domaines, restent opposés sur la question des livraisons d’armes américaines à Kiev.

La crise ukrainienne risque bien de devenir le principal sujet de la visite de la chancelière allemande aux Etats-Unis. Cette dernière s’inscrit dans le cadre de la promotion de l’initiative franco-allemande pour tenter d’arracher un cessez-le-feu dans le sud-est de l’Ukraine d’ici mercredi, lors d’un sommet au format Normandie qui devrait se tenir à Minsk.

La semaine dernière, le président français François Hollande et Angela Merkel se sont rendus à Kiev et à Moscou pour négocier l’arrêt des combats en Ukraine après leur intensification tout au long du mois de janvier.

Peu de détails du plan franco-allemand ont dévoilés. François Hollande a déclaré que ce projet prévoyait la création d’une zone démilitarisée de 50 à 70 kilomètres de part et d'autre de l'actuelle ligne de partage entre l'armée et les insurgés, ainsi qu'une forte autonomie pour les territoires des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk.

L'initiative européenne s'est produite peu après que plusieurs hommes politiques et commandants militaires américains se sont prononcés pour livrer à Kiev des armes offensives. L’administration Obama a néanmoins indiqué qu’elle n’entendait pas prendre de décision avant la visite de la chancelière, qu’elle était en faveur d’une solution pacifique sans exclure toutefois l’option militaire.

En savoir plus : L’administration Obama envisagerait la possibilité de livrer des armes à l’Ukraine

L'Allemagne s'est vivement opposée aux livraisons d'armes à l'Ukraine : lors de la conférence sur la Sécurité à Munich, Angela Merkel a déclaré qu’elle « ne pouvait pas s’imaginer qu’un meilleur équipement de l’armée ukrainienne puisse impressionner le Président Poutine à un point tel qu’il pense pouvoir perdre sur le plan militaire ».

Le début des livraisons d’armes aux autorités ukrainiennes pourrait renforcer les tensions entre la Russie et l’Occident. François Hollande a déjà averti qu’en cas d’échec du nouveau plan de paix, on assisterait à une véritable guerre au sein de l’Europe. De son côté, Moscou perçoit la fourniture d’une aide militaire à l’Ukraine comme une démarche hostile et a prévenu que cela pourrait l’empêcher d’essayer de mettre un terme à la violence en Ukraine.

« En ce qui concerne l’idée de livrer des armes à l’Ukraine, une majorité écrasante d’hommes politiques européens ne la soutient pas. C’est une initiative qui ne fera qu’aggraver la crise déjà profonde en Ukraine », a souligné le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Si l’administration Obama choisit de se joindre à l’initiative diplomatique européenne, elle se verra critiquée par les faucons américains, qui considèrent que la politique étrangère du président est « faible ». Mais l’opposition aux plans d’Angela Merkel et de François Hollande créerait des tensions avec les alliés européens de l’Amérique.

Ces derniers mois, la soumission des dirigeants européens à la politique américaine les a exposés aux critiques. Le gouvernement allemand, par exemple, a fait l’objet d’un important mécontentement pour ne pas avoir été plus ferme face aux Etats-Unis après la révélation du programme d’espionnage américain sur le sol allemand, y compris la mise sur écoute du téléphone portable de la chancelière. Alors que la fierté, comme la situation financière, des Etats de l’Union européenne est mise à rude épreuve, les électeurs exigent de leurs dirigeants nationaux qu’ils remettent au premier plan la défense de leurs intérêts plutôt que celle de l’Alliance atlantique.

« L’Allemagne dépend des Etats-Unis. Au sein de l’Union, elle peut être une grande puissance, mais elle est insignifiante en comparaison des vraies superpuissances mondiales. Dès que les Etats-Unis somment leurs alliés dans la Baltique et en Europe de l’est d'exercer une pression, l’Allemagne n’a aucune possibilité de choisir sa propre politique », a déclaré sur RT Alexander Neu, député du parti allemand Die Linke.