«Lorsque 50 000 migrants se sont amassés au poste-frontière de Kapikule (à la frontière turco-bulgare), vous avez crié à l'aide. Vous avez commencé à vous demander : "Que ferons-nous si la Turquie ouvre ses frontières ?"», a déclaré le président turc, lors d'un discours à Istanbul.
«Nous sommes ceux qui nourrissent trois millions de réfugiés dans ce pays. Vous avez trahi vos promesses !», a-t-il ajouté, avant d'affirmer que l'Union Européenne n'avait «jamais traité justement l'humanité» et qu'elle n'avait «pas ramassé les bébés échoués sur les côtes de la mer Méditerranée».
La chancellerie allemande a réagit à ces déclarations en affirmant que «menacer» l'Union Européenne «n'avanç[ait] à rien». «Nous considérons l'accord entre la Turquie et l'Union européenne comme un succès commun et la poursuite de cet accord est dans l'intérêt de tous les acteurs», a déclaré la porte-parole de la chancelière Angela Merkel.
Dans une résolution non contraignante adoptée à une très large majorité à Strasbourg, les eurodéputés ont appelé le 24 novembre à «un gel temporaire» du processus d'adhésion entamé en 2005 en raison de la répression «disproportionnée» en cours depuis le coup d'Etat avorté de juillet.
Le vote de ce texte survient dans un contexte de fortes tensions entre la Turquie et l'UE, dont les relations, déjà difficiles, se sont dégradées après la tentative de putsch, qui a été suivie de purges d'une ampleur inédite qui ont notamment visé des opposants politiques kurdes et des médias d'opposition.
Les déclarations de Recep Tayyip Erdogan font écho aux craintes européennes que le régime turc ne renonce à appliquer l'accord sur les migrants signé en mars avec l'UE et cesse de bloquer les flux de réfugiés qui tentent d'atteindre l'Europe. La Turquie compte sur son sol 2,7 millions de réfugiés syriens.
En contrepartie du pacte migratoire, Ankara réclame que ses ressortissants soient exemptés de visas pour l'espace Schengen, et a menacé à plusieurs reprises de rompre l'accord avec l'UE si ce dossier n'avançait pas.
Signe des tensions entre Ankara et l'UE, le président turc a récemment évoqué l'organisation d'un référendum sur la poursuite ou un abandon du processus d'adhésion à l'UE, et un possible rapprochement avec l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) coparrainé par la Chine et la Russie.
Lire aussi : Eternelle candidature de la Turquie à l'UE : Erdogan brandit la menace d'un référendum