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Feu vert du parlement britannique à une loi de surveillance très critiquée

Le parlement britannique a adopté une loi donnant des pouvoirs de surveillance très étendus à la police et aux services de renseignement de Sa Majesté, s'attirant notamment les critiques d'Edward Snowden.

Avec le vote favorable de la chambre des Lords cette semaine, après celui des députés de la chambre des Communes, ce projet de loi lancé par Theresa May en mars, alors qu'elle n'était encore que ministre de l'Intérieur, n'attend plus que le sceau royal pour entrer en application.

«Le Royaume-Uni vient de voter la loi de surveillance la plus extrême dans l'histoire des démocraties occidentales, allant plus loin que beaucoup d'autocraties», a dénoncé sur son compte Twitter Edward Snowden.

Avec les nouveaux pouvoirs qui leur sont confiés par cette loi, les services de renseignement ou les policiers britanniques pourront par exemple exiger d'un site internet qu'il leur fournisse l'historique des consultations de n'importe utilisateur, historique qui pourrait remonter à un an.

Ce projet de loi «sur les pouvoirs d'investigation» déposé par Theresa May alors qu'elle n'était pas encore Premier ministre, avant le «oui» des électeurs britanniques au Brexit, donne une base légale au piratage des ordinateurs ou des téléphones portables, tout en fixant quelques garde-fous, comme l'obligation d'obtenir le feu vert d'un juge pour placer une ligne téléphonique sur écoute.

Qualifié de «loi des fouineurs» par ses critiques, ce texte a déjà fait l'objet d'un appel devant la Cour de justice européenne, qui devrait rendre son verdict courant 2017.

«Le vote de cette loi des fouineurs est un triste jour pour la liberté en Grande-Bretagne», a dénoncé Bella Sankey, directrice de l'association de défense des droits civiques Liberty : «Sous le prétexte de lutter contre le terrorisme, l'Etat a mis au point des pouvoirs de surveillance dignes d'un régime totalitaire, le système le plus intrusif jamais vu dans une démocratie».

«Il est vraisemblable que d'autres pays, y compris certains régimes autoritaires peu connus pour leur respect des droits de l'Homme, vont utiliser ce texte pour justifier leurs propres législations intrusives en matière de surveillance», a craint de son côté Jim Killock, directeur exécutif de l'association Open Rights Group.

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