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Abus sexuels en Centrafrique : l’ONU met en cause son propre traitement de la situation

Le chef des Nations Unies a annoncé l’ouverture d’une enquête externe sur le traitement de l’affaire des abus sexuels sur des enfants par les soldats français en République centrafricaine en 2013 et 2014.

Dans un communiqué officiel des Nations Unies, Ban Ki-moon s’est dit «profondément troublé» par les accusations contre les soldats de la paix et les informations sur la réponse des institutions de l’ONU à cette affaire. L’enquête externe sera entamée afin de s’assurer que l’ONU «ne tourne pas le dos aux victimes d’abus sexuels, surtout lorsqu’ils sont commis par ceux qui étaient censés les protéger».

Les résultats de l'enquête, qui portera à la fois sur les accusations spécifiques et leur traitement interne à l’organisation, seront annoncés dans les jours à venir, a fait savoir le porte-parole du secrétaire général Stéphane Dujarric mercredi.

«Il y a un échec du système dans son ensemble [de l’ONU]», a estimé Dujarric devant les journalistes. Il est vrai que, d’après les témoignages confidentiels de responsables des droits de l’homme de l’ONU cités par Associated Press, les Nations unies ont été distraites pas d’autres problèmes importants, dont les coupes budgétaires, et n’ont pas répondu de manière satisfaisante aux accusations contre les soldats français qui étaient connues du public depuis plus de six mois.

Il s’agit de la première intervention publique du Secrétaire général au sujet des accusations contre les soldats français de l’ONU en mission au Centrafrique avant l’établissement de la mission de la paix de l’ONU connue sous l’acronyme de MINUSCA. Les soldats français auraient exploité sexuellement des enfants âgés de neuf ans et plus qui se trouvaient dans un camp de déplacés, en échange d’argent ou de nourriture.

Cette affaire, qui date de 2013, n’a été révélée qu’en avril 2015, lorsque le rapport de l’ONU sur les faits d’abus sexuels a été publié par la quotidien britannique The Guardian. Selon ces informations, le rapport était tenu secret par les responsables de l’ONU à Genève qui en avaient connaissance depuis l’été 2014. Le journal a en même temps annoncé qu’un employé des Nations Unies du nom d’Anders Kompass a été suspendu de son poste après avoir transmis ce rapport aux procureurs français «en raison de l’inaction de l’ONU sur ce dossier», selon les sources du quotidien. Il a d’ailleurs déjà été rétabli à son poste, mais fait toujours objet d’une enquête interne et pourrait être licencié.

Les procureurs français qui ont entamé leur propre enquête après avoir été mis au courant de l’affaire accusent l’ONU de ne pas coopérer avec la justice. Ils affirment que les institutions de l’ONU ont mis des mois à répondre à leurs requêtes écrites et leur ont refusé un entretien avec l’auteur du rapport.

Dans une lettre ouvert à Ban Ki-moon, la présidente de l’Association des employés de l’ONU Barbara Tavora Jainchill a appelé à la démission de deux hauts responsables en charge des enquêtes internes, la directrice du Bureau des services de contrôle interne Carmen Lapointe et le chef du comité d’éthique Joan Dubinsky. «Je suis personnellement très déçue par la façon nonchalante, presque indifférente dont a été traité un crime aussi grave commis de surcroit contre des personnes vulnérables, des enfants hébergés dans un camp de déplacés», a-t-elle souligné dans sa lettre.