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En visite à Berlin, Valls décrit le candidat idéal pour faire rempart à Marine Le Pen

A Berlin, Manuel Valls a fait le portrait d'un candidat idéal pour la présidentielle française, notamment pour battre Marine Le Pen, en décrivant un profil très proche du sien mais sans citer le président sortant François Hollande.

Manuel Valls s'est rendu à Berlin ce jeudi 17 novembre pour «répondre aux angoisses et aux colères des peuples [...] sans tomber dans la facilité et encore moins dans la démagogie», selon ses mots. Il a donné une conférence depuis son hôtel au cours de laquelle il a fait le portrait d'un candidat idéal qui pourrait être lui sans lever les doutes sur son éventuelle participation à la primaire de la gauche.

Certaines de ses allusions étaient pourtant tellement transparentes que le Premier ministre a reconnu que ses réponses risquaient de lui valoir «des ennuis», rapporte l'AFP.

«Quel doit être le candidat pour battre Marine Le Pen ?», lui a demandé un participant à un forum économique devant lequel le Premier ministre venait de s'exprimer. «Je fais attention parce qu'il y a de la presse française», a d'abord répondu le Premier ministre après un silence gêné, faisant rire la salle.

«C'est celui ou c'est celle, je suis neutre, qui permet de préserver le modèle républicain, c'est très français, c'est-à-dire nos valeurs, ça c'est essentiel», a-t-il poursuivi. «Dans ces valeurs il y a bien sûr l'autorité, la sécurité», a-t-il dit en citant deux des piliers de son identité politique, «et en même temps la fermeté nécessaire, et en même temps, la bienveillance, la générosité, la solidarité», a-t-il ajouté.

Manuel Valls cache de moins en moins son ambition de remplacer François Hollande à la présidentielle si ce dernier renonçait à se représenter, accentuant ainsi la pression sur le président sortant.

Une victoire «possible» de Marine Le Pen

Interrogé au terme de son discours par un membre de l'assistance sur une éventuelle victoire de la présidente du Front national à l'élection présidentielle française, le premier ministre a ainsi répondu que cela était possible. 

Manuel Valls s'est par ailleurs beaucoup exprimé sur l'Europe, se posant en défenseur des travailleurs et reprenant ainsi un thème cher au Front national. A la veille d'un passage de François Hollande à Berlin dans le cadre de la tournée d'adieu de Barack Obama, le Premier ministre a de nouveau réclamé davantage de dépenses publiques à l'Allemagne pour relancer la croissance en Europe.

«Il n'est pas normal que quand les USA frappent un produit à 300%, l'Europe ne le fasse qu'à 20%», a-t-il lancé, jugeant encore «inacceptable» l'accord controversé de libre-échange transatlantique (TTIP ou TAFTA) en cours de négociations entre l'UE et les Etats-Unis. «Toute forme de dumping social et fiscal au sein de l’Europe est intolérable et sa suppression doit être aujourd’hui une priorité parmi les priorités», a-t-il réclamé, en critiquant à nouveau les «abus» du dispositif des travailleurs détachés.

Redynamiser les relations franco-allemandes

Manuel Valls a également proposé que le couple franco-allemand fasse «converger» les deux principales économies européennes, prenant acte que l'Europe à 28 n'arrivait plus à avancer sur ces questions.

«La France et l’Allemagne doivent d’autant plus montrer l’exemple, en agissant d’abord à deux avant d’entraîner les autres», a-t-il proposé, citant par exemple l'impôt sur les sociétés ou le salaire minimum. «Je veux mettre toute mon énergie – et j’en ai à revendre ! – pour qu’ensemble, Français et Allemands et tous les Européens, nous relevions l’Europe», dans une nouvelle allusion à ses ambitions.

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