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Le Grand-Duché, catholique et conservateur, ferait-il sa mue ?

Dimanche, les électeurs luxembourgeois seront appelés aux urnes pour dire si «oui» ou «non» ils autorisent les étrangers à voter pour toutes les élections. Si le «oui» l'emporte, ce sera une première dans l'Union Européenne.

«On a beau retourner le problème dans tous les sens, il n'y a pas d'autre pays européen où seulement 40% de la population élit ses représentants», a ainsi déclaré le Premier ministre Luxembourgeois, Xavier Bettel, à l'intiative de ce référendum. En effet, au Luxembourg, 46% de la population est étrangère, et son accès aux urnes pourrait modifier profondemment le paysage politique du Grand-Duché.

Cette mesure concernerait environ 35 000 personnes, selon l'agence nationale de statistiques. Plus jeunes, et travaillant majoritairement dans le privé (contrairement aux électeurs Luxembourgeois qui sont eux plus souvent employés de la fonction publique), les étrangers du Luxembourg sont essentiellement des ressortissants de l'Union européenne.

Peu de demandeurs d'asile... plutôt une immigration économique

Les Portugais constituent le principal contingent d'étrangers et représentent plus de 16% de la population luxembourgeoise. Les Français (7%), les Italiens (3,5%) et les Belges (3,3%) arrivent ensuite ; les étrangers hors UE sont principalement des immigrés venus d'Amérique du Nord, des Chinois et des Cap-Verdiens.

Peu généreux en matière d'accord du droit d'asile avec seulement 13 % de réponses positives sur les 885 demandes qui lui avaient faites en 2014 (la moyenne européenne se situant aux alentours de 40 %), le Luxembourg accueille une immigration économique, faite principalement de «cols blancs».

Ainsi, le débat sur l'ouverture du droit de vote aux étrangers, qui serait une première en UE, fait rage dans le pays. 

Les tenants du «nee», c'est à dire «non» en luxembourgeois, se retrouvent principalement dans le parti d'opposition, les Sociaux-Chrétiens, de Jean-Claude Juncker, nouveau président de la Commission européenne. Ces derniers sont plus favorables à un assouplissement des règles d'octroi de la nationalité luxembourgeoise, ayant peur que les nationaux ne perdent leur influence, si les 46% d'étrangers étaient autorisés à voter pour toutes les élections (les ressortissants de l'UE votent déjà pour les municipales et les Européennes).

Quant aux dirigeants d'entreprises, c'est plutôt «oui». Leur principal argument, qu'ils diffusent via des tribunes de presse, repose sur le fait que le Grand-Duché a besoin économiquement de ses étrangers. 

Modernisation du très conservateur Grand-Duché

Sous l'impulsion de son jeune Premier ministre libéral, Xavier Bettel, le pays, catholique et volontiers conservateur, semble faire sa mue. Il y a une vingtaine de jours, ce dernier a ainsi épousé son compagnon, devenant le premier dirigeant européen à être marié avec quelqu'un du même sexe.

Par ailleurs, les Luxembourgeois devront également se prononcer dimanche sur l'abaissement de l'âge du droit de vote à 16 ans et sur la limitation des mandats de ministres à 10 ans.