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Quand Israël offre par erreur de la technologie américaine aux Russes

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev est revenu de sa visite en Israël avec un cadeau... made in USA. Le drone offert par un ministre israélien contiendrait de la technologie américaine d'importance. Washington a demandé des comptes à Israël.

Le 10 novembre, lors de sa visite d'un institut agricole israélien, Volcani Agricultural Research Organization, le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev s'est amusé à faire voler un drone à l'aide d'une télécommande.

Uri Ariel, le ministre israélien de l'Agriculture, pris d'un élan d'enthousiasme, a alors eu l’idée de lui offrir l'engin... en «oubliant» que le drone, acquis par l'institut Volcani, ne lui appartenait pas.

Médusés par l'acte du ministre, les représentants de l'institut Volcani, ont vu leur engin embarqué par les membres de la délégation russe à bord de l'avion qui emportait le Premier ministre russe vers Moscou. 

Si Dmitri Medvedev a volontiers accepté le cadeau, ce geste d'amitié impulsif n'a toutefois pas été apprécié par tout le monde.

Plusieurs médias israéliens ont ainsi rapporté que non seulement le drone était un engin d'une valeur de 50 000 dollars (environ 46 600 euros) mais aussi qu'il contenait des technologies qui n'étaient normalement pas destinées à être partagées.

Selon la presse israélienne, l'engin, dont la caméra thermique a été construit par l'entreprise américaine Flir, pourrait contenir des technologies américaines confidentielles.

Washington a demandé des explications au gouvernement israélien, cherchant à comprendre comment son ministre de l'Agriculture avait bien pu offrir au Premier ministre russe un objet pouvant contenir des technologies américaines de pointe.

Le drone en question est un hélicoptère conçu pour transporter des caméras thermiques à infra-rouge capables de fournir des images complexes concernant l’apport réel en eau et les substances contenues dans cette dernière (telles que les pesticides) dans les récoltes et les arbres qui ont été irrigués.

Un petit engin de pointe

Selon le quotidien israélien Haaretz, le personnel du centre de recherche agricole Volcani avait jusqu'à présent refusé de divulguer la techonologie du drone.  «Ce système est exclusif à Volcani», a affirmé une source du Volcani Institute au Times of Israel. Cette technologie est généralement utilisée par Israël sous licence et ne peut être transférée à un tiers sans autorisation.

De plus, les sanctions anti-russes prises par les Etats-Unis interdisent normalement tout transfert de technologie civile de pointe susceptible d'être appliquée dans le domaine militaire. Le ministère de la Défense israélien devrait fournir une réponse complète à l'ambassade américaine dans les prochains jours.

Les médias israéliens ont néanmoins rapporté que la caméra du drone avait été retirée et que la télécommande - d'une valeur de 13 000 dollars - n'avait pas été remise aux Russes. Selon les informations des médias, les chercheurs de l'institut Volcani auraient refusé de remettre la télécommande, unique en Israël, et sans laquelle l'institut ne peut continuer ses activités.

Les chercheurs israéliens, entre colère et dépression 

La polémique en Israël ne retombe pas. Le ministre qui a offert le petit bijou technologique qui ne lui appartenait pas est l'objet de critiques acerbes tant de la part de la presse, que de députés de la Knesset et de chercheurs scientifiques israéliens.

Dans un communiqué, Moshe Reuveni, qui représente les chercheurs de l'institut Volcani, affirme que la recherche israélienne ressort handicapée par le geste du ministre israélien.

«Le ministre Uri Ariel a à nouveau prouvé qu’il était aussi loin d’être un bon gestionnaire que le ciel est loin de la terre» a expliqué le chercheur avant de déplorer : «Les conséquences directes et indirectes du geste du ministre sont tellement déprimantes et difficiles qu’il est dur de croire que cela se soit réellement produit.».

Selon le député Nachman Shai, membre de l'Union sioniste, le ministre de l'agriculture s'est fourvoyé en donnant «des connaissances et des technologies au mauvais pays». Stav Shaffir, elle aussi députée de l'Union sioniste, l'a appelé à démissionner.

Un communiqué diffusé par le ministère de l’Agriculture s’est attardé sur l’accord signé entre Israël et la Russie, décrit comme «un plan qui mène à des marchés qui représentent des milliards de dollars et qui contribueront grandement à l’agriculture et à la prospérité économique d’Israël.»

«Le don de cet hélicoptère à la délégation [Russe] a été fait en accord avec les professionnels concernés» se justifie le ministère dans son communiqué qui précise également : «Le ministère de l’Agriculture fera prochainement l’acquisition d’un nouvel hélicoptère afin que les activités de recherche puissent se poursuivre.»

Le centre Volcani et le ministère israélien des Affaires étrangères ont refusé de commenter le cadeau de l'hélicoptère au Premier ministre russe. 

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