Les infrastructures et les logements des habitants du Donbass ont beaucoup souffert des bombardements des localités tout le long de toute la ligne de front par les forces armées ukrainiennes déterminées à reconquérir militairement le territoire, des obus ont atteint des immeubles habités, des installations électriques et des marchés locaux. D’après le commandant adjoint de l’armée de la République autoproclamée de Donetsk (DNR) Edouard Bassourine, 19 personnes ont péri dans des attaques dont cinq civils.
110 personnes ont été blessées, y compris 24 civils, dont 27 blessés graves, a encore fait savoir le responsable.
Plus tôt dans la semaine, une série d’obus est tombée dans trois mines du Donbass, dont deux étaient en activité. Au total, 900 mineurs ont été piégés sur leur lieu de travail. Dans l’opération de sauvetage qui a suivi, ils ont cependant tous pu être secourus vers la fin de la journée, a fait savoir le ministère des Situations d’urgence de la DNR.
Un hôpital local qui soigne des victimes du conflit a été à son tour privé d’électricité, a rapporté à l’agence d’information de Donetsk le médecin en chef de l’hôpital Igor Routchenko. D’après lui, les forces ukrainiennes continuaient à bombarder l’hôpital au moment même où le personnel était en train de reccueillir des blessés, ce qui a abouti à la décision d’évacuer les patients.
Les combats autour de Donetsk font suite aux bombardements des forces de Kiev sur la ville de Gorlovka, qui ont causé d’importantes destructions et au moins trois morts parmi les civils selon les milices locales.
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Les deux belligérants s’accusent mutuellement d’avoir provoqué les hostilités à Donetsk. Kiev affirme que les milices populaires ont entamé une avancée sur ses positions, les combattants de la DNR expliquent qu’ils voulaient faire cesser les bombardements des forces kiéviennes qui duraient depuis mercredi matin.
Le rapport de la mission spéciale de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) publié jeudi matin confirme que les bombardements des quartiers habités ont commencé vers six heures du matin, tout en soulignant que des mouvements de matériel militaire de la DNR ont toutefois été observés dans la région dans la nuit de mardi à mercredi.
Les armements interdits dans le Donbass par les accords de Minsk II ont également été utilisés par les forces ukrainiennes dans le bombardement de Gorlovka, avait noté l’OSCE dans ses rapports précédents.
Il est surtout à noter que l’Etat-major de l’Ukraine a reconnu l’utilisation d’armes lourdes dans des zones protégées par les accords de paix de Minsk II. «Le commandement ukrainien, ayant averti ses partenaires internationaux, a été contraint de recourir à du matériel d’artillerie qui se trouvait auparavant dans les zones délimitées par les accords de Minsk», lit-on dans le communiqué du service de presse de l’Etat-major.
Le Kremlin, par le secrétaire de presse du président russe Dmitri Peskov, a exprimé sa préoccupation face aux «provocations de la part des forces armées ukrainiennes» et appelé Kiev à respecter les accords de Minsk.
«D’après les informations que nous recevons depuis la ligne de front, les milices populaires rapportent de vastes dégâts sur l’infrastructure civile – des hôpitaux, des jardins d’enfants, des écoles et des bâtiments d’habitation ont été touchés. Des civils périssent dans la région. Et l’armée ukrainienne annonce que ces pertes sont majoritairement parmi les militaires», a déclaré le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, avant de demander à l’OSCE de fournir également des données sur les pertes parmi les civils.
«Il faut absolument informer des buts des bombardements et de qui en a souffert (…). Je suis sûr que c’est une tâche très facile qui permettrait à tout le monde de voir (…) qui viole non seulement les accords de Minsk, mais aussi les normes du droit humanitaire international», a estimé Lavrov.
Entretemps, le département d’Etat américain a accusé la Russie d’être «directement responsable de violations du régime de cessez-le-feu». Dénonçant l’utilisation des armes lourdes interdites dans la zone de combats comme un fait «impardonnable et non conforme aux accords de Minsk», la porte-parole du département Marie Harf a toutefois refusé de reconnaître l'utilisation de telles armes par l’Ukraine en violation des accords.
«Toutes les informations que nous recevons de l’OSCE et d’autres sources indiquent que la vaste majorité [des violations] provient des forces séparatistes», a dit Marie Harf, en refusant à répondre à la question si cela implique que les forces ukrainiennes violent aussi les termes des accords.
Cependant, d’après les chiffres cités par la correspondante de RT Gayané Tchitchiakyan, les rapports de l’OSCE indiquent qu’environ la moitié des violations ont été enregistrée du côté des militaires de Kiev.
Plus de 6 000 personnes ont péri dans le conflit armé dans l’est de l’Ukraine depuis son commencement en avril 2014. D’après le maire de Donetsk, ville au centre des combats entre les forces pro-gouvernementales et les milices populaires hostiles aux autorités kiéviennes issues du coup d’Etat de février 2014, plus de 3 500 bâtiments ont été endommagés depuis le début de l’opération militaire dite «antiterroriste» de Kiev dans le Donbass.