L'émission, diffusée le dimanche en prime-time sur la chaîne publique allemande ARD, avait pour sujet la radicalisation des jeunes. Parmi les invités, le père de deux jeunes filles ayant rejoint Daesh, un expert de l'islam, un imam basé à Berlin, un homme politique de l'Union chrétienne démocrate (CDU) qui milite pour l'interdiction du voile intégral, ainsi que Nora Illi, représentante d’un groupe appelé le Comité central islamique de Suisse.
Elle s'est présentée à l'émission vêtue d'un Niqab, un vêtement qui cache le corps et le visage et qui est considéré comme un symbole de l'islam radical.
La représentante a décrit comment, à l'âge de 18 ans, elle s'était convertie à l'Islam, y trouvant de la «diversité et du respect». Elle a parlé du droit pour chaque musulman de pratiquer sa religion, en portant par exemple une tenue traditionnelle et en ayant la possibilité de prier aux heures appropriées, que l'on soit au travail ou dans un espace public.
Elle s'est plaint qu'en Allemagne, et plus généralement dans les pays non musulmans, les musulmans soient exclus de la société parce qu'ils ne peuvent pas pratiquer leur religion en public. L'intéressée a affirmé que c'était l'élément déclencheur qui poussait les jeunes à se radicaliser. Si la société ne leur permet pas de pratiquer leur foi librement, ils sont désorientés et se tournent vers des formes plus radicales de leur religion, a-t-elle avancé.
Mais ce qui a véritablement causé l'ire du public, c'est la décision de la présentatrice de lire l'extrait d'un essai écrit par Nora Illi, publié en 2014. Elle y justifiait le choix des musulmans qui vont en Syrie pour combattre le régime de Bachar el-Assad, car écrivait-elle, les musulmans sont réprimés dans la plupart des pays non musulmans et faire le djihad, c'est se libérer de cette répression.
Sous le choc, les invités présents sur le plateau se sont insurgés contre ce discours. Wolfgang Bosbach de la CDU et le spécialistes de l'islam, Ahmad Mansour, l'ont qualifié de «propagande terroriste à la télévision», critiquant d'autant plus la présentatrice qui a permis la diffusion de telles déclarations auprès de millions de foyers allemands.
La réaction du public sur les réseaux sociaux ne s'est pas fait attendre, des internautes reprochant à la chaîne ARD d'être une plateforme pour la propagande islamiste.
Certains ironisaient sur les invités des semaines à venir pour discuter des droits de l'homme : Duterte, Erdogan et un membre du Klu Klux Klan.
Nora Illi a réagit le 7 novembre à ce qu'elle qualifie de vague «de discussions haineuses sur les réseaux sociaux». Dans un post Facebook, elle explique n'avoir pas voulu faire la promotion du djihad, mais simplement tenté de fournir une explication au phénomène de ces jeunes qui partent faire le djihad, pour en conclure que l'islamophobie était «un facteur important».
La chaîne ARD s'est quant à elle défendu : «L’opinion controversée de Mme Illi [...] a été vivement débattue», expliquant que le panel d’invités avait été constitué pour permettre cette «confrontation nécessaire».