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Islande : les pirates opérent une belle percée lors des législatives

Le Parti islandais de pirates a réalisé un très bon score lors des législatives anticipées du 29 octobre. Les résultats partiels montrent que les électeurs ont sanctionné la droite sortante sans pour autant conférer de majorité à l'opposition.

Les sondages avaient prédit une forte poussée des «Piratar» à l'issue de ce scrutin à un tour convoqué avant la fin de la mandature du fait de la démission du Premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson (Parti du progrès). Ce dernier reste le seul chef de gouvernement au monde contraint à quitter ses fonctions suite à la publication des Panama Papers.

«Nous sommes très satisfaits», a réagi la «capitaine» des pirates, Birgitta Jonsdottir, comparant ses supporters et militants à des «Robin des Bois» parce que «nous voulons prendre le pouvoir aux puissants pour le donner au peuple».

Improbable casting de hackers, militants écolos ou libertaires, les pirates ne sont cependant pas parvenus à atteindre le résultats que leur prédisaient certains sondages, corollaire de sa popularité chez les jeunes qui sont les moins enclins à aller voter.

Avec 14% des suffrages, le Parti pirate passerait de trois à neuf députés sur 63, devenant ainsi la troisième formation politique de cette île de l'Atlantique Nord ancrée à droite depuis l'indépendance en 1944, selon un décompte qui restait encore très partiel en milieu de nuit.

Créé en 2012, le parti Pirate, dont l'emblème est un pavillon marin floqué d'une morue salée et le quartier général un bateau ancré dans le port de Reykjavik, entend revigorer la démocratie, redistribuer le revenu des ressources naturelles, refinancer le système de santé et lutter contre la corruption.

Ce score historique des Pirates a été accueilli par les applaudissements des militants réunis dans une brasserie envahie par les touristes et la presse étrangère, a rapporté une journaliste de l'AFP sur place.

Ensemble, les Pirates et les trois partis de centre-gauche avec lesquels ils avaient scellé un accord pré-électoral de gouvernement devraient obtenir 28 sièges sur les 32 nécessaires pour disposer de la majorité absolue à l'Althingi, le Parlement monocaméral islandais.

Congédier l'establishment 

«Il semble naturel que nous dirigions le prochain gouvernement», a commenté dans la nuit du 29 au 30 octobre le ministre des Finances Bjarni Benediktsson. Mis en cause dans le scandale des Panama Papers, il se défend d'avoir voulu échapper à l'impôt en créant une société aux Seychelles, indiquant n'y avoir jamais investi une couronne.

Les tractations s'annonceraient toutefois très tendues entre la droite et Résurrection, parti créé au printemps par des dissidents pro-européens du Parti de l'indépendance qui lui reprochaient d'avoir abandonné les négociations d'adhésion à l'UE.

Le président du jeune parti, Benedikt Johannesson, s'est gardé de faire connaître sa préférence le 29 octobre. «Nous n'avons pas critiqué les autres partis [pendant la campagne des législatives] et ne nous sommes pas exprimés sur la couleur du futur gouvernement», s'est-il borné à déclarer.

Le Premier ministre Sigurdur Johannsson, président du Parti du progrès, a indiqué que si le score de son parti était confirmé, il remettrait sa démission au président dans la journée.

Si l'Islande n'enregistre pas de montée de l'extrême droite, elle semblait mûre pour congédier l'establishment au bénéfice de formations issues de la société civile, sur le modèle de Podemos en Espagne ou de Syriza en Grèce.

Parmi les noms des 600 Islandais figurant dans les Panama Papers – un record mondial rapporté aux 332 000 habitants de l'île –figurent ceux de deux ministres, en plus de celui du chef du gouvernement. Ce dernier avait démissionné mais le cabinet avait été maintenu, au prix d'un léger remaniement, promettant des élections à l'automne, soit six mois avant l'échéance prévue.