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Flotte russe en Méditerranée : Moscou affirme ne pas avoir demandé à se ravitailler à Ceuta

C’est un vrai-faux ravitaillement qui a fait parler de lui. Les navires russes n'ont finalement pas fait escale dans le port de Ceuta, sur fond de vives protestations de plusieurs pays membres l’OTAN.

Les autorités russes n’ont pas demandé à l’Espagne de laisser une flottille de bâtiments militaires russes, dont le porte-avions Amiral Kouznetsov, se ravitailler dans le port de Ceuta, rapporte l’agence de presse Interfax ce mercredi 26 octobre, en citant le ministère de la Défense.

«Il n’y a pas eu de requête envoyée par le ministre de la Défense russe aux autorités espagnoles», a déclaré le porte-parole du ministre, Igor Konachenkov, dans des propos rapportés par Interfax.

Il a ajouté que la flotte russe avait en sa possession le carburant nécessaire pour mener à bien sa mission. 

La flotte russe en chemin vers la Syrie via le détroit de Gibraltar avait été annoncée comme devant se ravitailler en carburant au port de Ceuta, enclave espagnole au Maroc. Mais c’était sans compter sur les atermoiements de l’Espagne, provoqués par le tollé des pays membres de l’OTAN, qui ont vivement protesté, refusant de faciliter la vie à des navires russes.

Des réactions acerbes

Le chef de file des libéraux au Parlement européen, l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, a même qualifié cette démarche de «scandaleuse». «Il est scandaleux que l’Espagne, membre de l’OTAN et de l’Union européenne, autorise la flotte russe Kouznetsov à se ravitailler et à recevoir une assistance technique en territoire espagnol», a-t-il lancé sur son compte Twitter.

«Seulement la semaine dernière, ce gouvernement espagnol a signé une déclaration du Conseil européen accusant la Russie de crimes de guerre contre des civils à Alep. Pourtant, elle apporte son soutien à une flotte qui n’a qu’un but : l’annihilation d’Alep et le harcèlement des forces de l’UE et de l’OTAN», a-t-il poursuivi.

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a aussi fait part de son inquiétude.

«Nous sommes préoccupés et avons exprimé très clairement le possible usage de ce groupe de combat pour augmenter les frappes aériennes sur les civils à Alep», a-t-il ajouté.

L'Espagne hésitante

Face aux pressions venant de toutes parts, Madrid a décidé de temporiser. Selon le quotidien espagnol El Pais, le ministère des Affaires étrangères a indiqué le 26 octobre être en train de réexaminer le permis délivré à la flottille russe pour faire halte à Ceuta, «en fonction des informations communiquées par [ses] alliés et les autorités russes». En attendant, aucune décision n'a été prise.

Cela ne pose d’ordinaire pas trop de problèmes à Ceuta de servir d’escale technique à des navires militaires russes. Depuis 2011, les autorités espagnoles l’ont autorisé à 57 reprises. Mais, en mai dernier, Madrid avait été accusé de «trahir» ses alliés en autorisant des bateaux et sous-marins russes à se ravitailler à Ceuta.

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