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HRW : La coalition menée par l’Arabie saoudite utilise des bombes à sous-munitions au Yémen

Human Rights Watch (HRW) a publié de nouvelles preuves que la coalition menée par l’Arabie saoudite utilise des bombes à sous-munitions pourtant interdites sur le plan international.

Des représentants de l’ONG basée à New-York ont visité la province de Saada dans le nord du Yémen afin de rédiger un rapport. Et pour Human Rights Watch, cela ne fait aucun doute, des documents montrent que trois types d’armes à sous-munitions sont utilisées dans le pays.

«La coalition menée par l’Arabie saoudite et d’autres parties en guerre au Yémen doivent reconnaître que l’utilisation d’armes à sous-munitions peut toucher des civils», a déclaré Ole Solvang, employé de l’ONG. «Ces armes ne peuvent faire de distinction entre des cibles militaires et civiles, notamment des enfants, même longtemps après des combats», a-t-il ajouté.

Selon Human Rights Watch, au moins deux personnes blessées lors d’une frappe aérienne étaient des civils. L’ONG blâme la coalition des pays arabes parce que c’est la seule partie impliquée dans le conflit qui utilise la force aérienne.

Dans une autre attaque, quatre civils ont été blessés, dont un enfant. Ces deux raids ont eu lieu dans le Nord du pays contrôlé par les rebelles houthis.

Human Rights Watch a appelé la coalition de dix pays arabes à ne pas utiliser de bombes à sous-munition dans le conflit. L’ONG a également exhorté les pays qui soutiennent l’Arabie saoudite tels que les Etats-Unis à dénoncer l’utilisation de ces armes illégales.

Les bombes à sous-munition ont été interdites en 2008 par la Convention sur les armes à sous-munitions adoptée par 116 Etats mais l’Arabie saoudite ainsi que neuf autres pays arabes ne l’ont pas signée.

Une bombe à sous munition contient, en plus de sa charge originale, des centaines de petites bombes, les sous-munitions, qui s’éparpillent sur une surface aussi vaste qu’un terrain de football, avant que la bombe principale ne touche le sol. Ce type d’armes est très dangereux parce que plusieurs de ces sous-munitions n’explosent pas au moment de l’impact. Elle restent actives pendant des décennies et peuvent alors exploser lorsqu’on marche dessus ou qu’on les manipule. Quand les bombes de ce type explosent, elles rejettent de petits fragments métalliques qui causent des blessures horribles. 98% des victimes de ces bombes à sous-munition sont des civils, en particulier des enfants.

Ce n’est pas la première fois que Human Rights Watch affirme que la coalition menée par l’Arabie saoudite a utilisé des bombes à sous-munition dans ce conflit. L’ONG prétend aussi que les Etats-Unis livrent les munitions qui sont utilisées pour bombarder les positions des Houthistes au Yémen.

«Ces armes ne doivent être utilisés en aucun cas. L’Arabie saoudite, les autres membres de la coalition et le fournisseur, les Etats-Unis, contreviennent à la norme mondiale qui interdit les sous-munitions en raison de la menace à long terme qu’elles impliquent pour les civils», a déclaré Steve Gosse, le directeur de la division Armes de Human Rights Watch.

Selon l'Organisation mondiale de la santé, le conflit au Yémen qui a commencé en mars dernier a déjà fait presque 2 000 morts et 8 000 blessés, dont des centaines de femmes et d’enfants.

«C’est déjà la deuxième fois que nous avons révélé que les forces de la coalition utilisaient des bombes à sous-munition. Dans nos rapports, nous avons pu documenter l’utilisation de trois types différents de sous-munitions dans le nord de la province de Sadaa dans cinq incidents différents. Tous ces incidents se sont produits dans des régions proches des centres civils et constituent pour eux une menace réelle car ils peuvent tomber par hasard sur les bombes non explosées», a déploré sur RT Belkis Wille, collaboratrice yéméno-koweitienne de Human Rights Watch.

Selon ses dires, un porte-parole saoudien de la coalition a démenti l’utilisation de bombes à sous-munition. Elle a jouté que les pays qui soutenaient la coalition tels que les Etats-Unis devaient faire plus pour mettre un terme à leur utilisation. La collaboratrice HRW a également exprimé son inquiétude de voir la coalition cibler des objectifs non militaires. «Le problème, c’est le choix d’une cible. Nous avons vu à plusieurs reprises que la cible choisie par la coalition contrevenait aux lois de guerre», a-t-elle fait savoir à RT.