Rassemblés à la mi-journée sur une place dans le nord de la capitale russe, les manifestants, accompagnés de nombreux enfants, brandissaient des drapeaux «Pour une vie sans avortement», des pancartes «La Russie n'est pas infanticide» et des photos de nouveaux-nés. Ils collectaient des signatures pour la pétition qu'ils entendent lancer prochainement et que le patriarche Kirill, ainsi que plusieurs autres personnalités, avaient déjà signée en septembre dernier.
«Nous avons une génération qui ne comprend pas que l'avortement, ce n'est pas simplement une opération chirurgicale, mais un meurtre», a déploré Marina, une manifestante qui a refusé de donner son nom de famille.
Légal depuis l'époque soviétique, l'avortement est très répandu en Russie. Selon les statistiques officielles, le nombre d'avortements légaux pratiqués en 2014 était proche du million mais, selon les experts, il est bien plus élevé.
«Le peuple russe doit avoir une seule idée nationale : faire des enfants», a insisté Andreï Kormoukhine, membre d'un mouvement orthodoxe interrogé par l'AFP au cours du rassemblement.
«Si on continue de faire six millions d'avortements par an, avec une telle mentalité, nous n'allons pas seulement perdre un tiers de la population, nous allons disparaître», a-t-il ajouté.
La Russie a traversé une importante crise démographique après la chute de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Les baisses du taux de natalité et de l'espérance de vie, liées à l'effondrement du système soviétique, ont entraîné une diminution de la population de la Fédération de Russie.
La députée conservatrice Elena Mizoulina avait déposé l'an dernier une proposition de loi pour interdire les avortements dans les cliniques privées et laisser le droit de pratiquer ce genre d'intervention aux seuls hôpitaux publics et à condition que la vie de la femme enceinte soit menacée.
Le texte, qualifié d'«extrémiste» par Valentina Matvienko, présidente du Conseil de la Fédération [la chambre haute du Parlement russe] avait été rejeté. Le retour du conservatisme au sein de la société russe peut être interprété comme une réaction à la très grande libéralisation des mœurs qui a dominé le pays dans les années 1990, après la chute de l'URSS.
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