Les plus mémorables passes d'armes des deux prétendants à la Maison Blanche, lors du troisième et dernier débat présidentiel de la soirée du 19 au 20 octobre, ont une fois encore eu pour thème... la Russie. Le sujet a émergé, de manière étrange, au milieu d'interrogations portant sur les frontières.
L'échanges de piques sur ce thème trouve son origine dans une question de l'animateur du débat, Chris Wallace, journaliste de la chaîne Fox News. Alors que ce dernier demande à Hillary Clinton de clarifier son opinion sur «l'ouverture des frontières», à laquelle son rival Donald Trump l'accuse de vouloir procéder, la candidate Démocrate assure qu'elle n'a jamais défendu une telle idée. Le journaliste fait alors référence à une conférence d'Hillary Clinton pour une banque brésilienne, révélée par WikiLeaks, dans laquelle elle a affirmé qu'elle rêvait de libre-échange et d'ouverture des frontières.
Ce à quoi l'ex-secrétaire d'Etat a répliqué, esquivant soigneusement la question sur les frontières : «Vous êtes clairement en train de citer WikiLeaks. Ce qui est important, à propos de WikiLeaks, est que les Russes espionnent les Américains. [...] Ils ont fourni cette information à WikiLeaks, dans le but qu'elle soit diffusée sur Internet.» Allant plus loin encore, l'ancienne Première Dame américaine a accusé des hauts responsables du gouvernement russe, dont Poutine lui-même, d'avoir commandité des cyberattaques contre son pays, citant des conclusions de «17 agences de renseignement américaines».
Des allégations dont elle s'est servie pour tenter de décrédibiliser son adversaire : «Je pense que la question la plus importante de ce soir [...] est : "Finalement, Donald Trump va-t-il admettre que les Russes sont responsables de ces actions, et assurer qu'il ne bénéficiera pas de l'aide de Poutine durant cette élection ?"»
Si la Russie et les Etats-Unis s'entendent bien et s'en prennent à l'Etat islamique, ce sera une bonne chose
Des propos qui n'ont guère déstabilisé le controversé champion du camp Républicain : «Je ne connais pas Poutine. Il a dit des choses positives sur moi. S'il s'avère que nous nous entendons bien, ce sera une bonne chose. Si la Russie et les Etats-Unis s'entendent bien et s'en prennent à l'Etat islamique (EI), ce sera une bonne chose», a répliqué Donald Trump, provoquant une réaction particulièrement rude de sa rivale. Celle-ci a en effet accusé le milliardaire d'être prêt à s'aligner sur Poutine, à rompre avec l'OTAN et, plus généralement, à réaliser tous ses souhaits – en d'autres termes, Trump serait prêt à être la «marionnette» du président russe.
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Donald Trump prêt à accepter le résultat de l'élection ? «Suspense»
Donald Trump a néanmoins affirmé qu'il condamnait toute interférence de puissances étrangères dans le processus électoral américain, tout en précisant que l'origine des fuites d'informations diffusées par WikiLeaks auxquelles Hillary Clinton faisait référence était encore inconnue.
Clinton déteste Poutine parce qu'il l'a surpassée
Cette dernière, a tenu à ajouter le candidat Républicain, «déteste Poutine car il l'a surpassée» lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine, de sorte que la Russie, désormais, a «pris le contrôle du Moyen-Orient».
L'un des autres moments forts de la soirée aura été, sans nul doute, le refus de Donald Trump de s'engager à reconnaître le résultat des élections, dans le cas où Hillary Clinton viendrait à l'emporter. Alors que la semaine précédente, le candidat Républicain avait multiplié les attaques contre les fraudes supposées qu'il attribue au Parti démocrate et aux organisateurs du scrutin, le journaliste Chris Wallace lui a demandé s'il accepterait le verdit des urnes. Réponse de l'intéressé : «Je verrai à ce moment-là [...]. Je [...] vous le dirai à ce moment-là. Je vous maintiens dans le suspense.»