International

Moscou : Personne n’est placé sur la liste noire par hasard

En réponse aux sanctions européennes, la Russie a établi une liste noire des personnalités européennes qui ont l’interdiction de pénétrer sur le territoire russe. La liste est longue de 89 personnes, dont quatre Français.

La Russie a remis à plusieurs ambassades de pays européens une liste noire répertoriant 89 personnalités qui ne peuvent plus entrer sur son territoire. La plupart d’entre eux sont Britanniques, Suédois, Polonais et Baltes. C’est la réponse de Moscou aux sanctions que l’Union européenne (UE) a prises contre la Russie depuis l’année dernière en raison de la crise ukrainienne. L’UE a interdit à 150 Russes ou assimilés et à une quarantaine d’entités juridiques d’entrer sur son territoire. Elle a aussi gelé les avoirs qu’ils détiennent dans des banques européennes. Parmi les cibles de l’UE, on trouve des responsables de l’administration présidentielle, du ministère de la Défense et des agences de sécurité.

Moscou ne divulgue pas les noms des personnalités qui sont interdites de séjour en Russie. Mais certains Etats européens ont confirmé qu’une interdiction avait bien été signifiée à certains de leurs ressortissants. C’est notamment le cas pour l’ancien commissaire européen à l'élargissement Stefan Füle, l’ancien Premier ministre belge et actuel parlementaire européen Guy Verhofstadt, l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères et l’ancien ministre de la Défense Malcolm Rifkind. L'ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Tchijov a confirmé l’existence de cette liste noire. «Une telle liste existe vraiment. Et personne n’y a été placé par hasard», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il ne s'agissait «pas de dirigeants ou de hauts responsables».

Quatre Français sont épinglés sur la liste. Il s’agit de Daniel Cohn-Bendit, de Bernard-Henri Lévy, du président du Comité économique et social européen Henri Malosse et du député socialiste Bruno Le Roux. Il n’est pas difficile de deviner pourquoi ces personnes ne sont pas bienvenues en Russie. L’ancien député écologiste européen Daniel Cohn-Bendit, n’a jamais caché l’aversion qu’il éprouvait à l’égard de Vladimir Poutine et des autorités russes. Il avait, par exemple, appelé au boycott des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, l’an dernier. Bernard-Henri Lévy, à qui l’intervention des forces de l’OTAN en Libye qui a fortement déplu à Moscou doit beaucoup, s’était également rendu à Kiev pour soutenir les manifestants de Maïdan avant le coup d’Etat de février 2014.

La réaction à la liste noire russe ne se fait pas attendre. Certains peinent à la comprendre. Ainsi, une porte-parole de la diplomatie de l'Union européenne a déclaré : «Nous considérons cette mesure comme étant totalement arbitraire et injustifiée, surtout en l'absence de toute clarification ultérieure et de transparence».

D’autres se réjouissent ostensiblement et se félicitent même sur Twitter.

Au cours des derniers mois, quelques personnalités européennes n’ont pas pu passer les contrôles douaniers et entrer sur le territoire russe. Elles ont simplement été renvoyées d’où elles venaient sans autre explication. Les cas du député allemand Karl-Georg Wellmann, de la députée européenne de Lettonie Sandra Kalniete et du président du Sénat polonais Bogdan Borousevitch ont été les plus marquants.