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Les femmes en première ligne, quand Daesh sème violence et viols

Elles sont les premières victimes de la guerre en Syrie et en Irak : enlèvements, mariages forcés, viols, rien n'est épargné aux femmes de la région. Zainab Bangura, représentante de l'ONU, décrit une situation qui dépasse l'entendement.

Le résultat de son enquête est, selon ses propres termes, «terrifiant». Zainab Bangura, représentante du secrétaire général des Nations unies chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit est pourtant une diplomate aguerrie. 

Après une enquête qui l'a menée en Syrie, en Irak, en Turquie, au Liban ou encore en Jordanie, elle dénonce les atrocités infligées aux femmes par Daesh. Dans une interview au site Middle East Eye, elle décrit le résultat de son enquête: «Ils commettent des viols, de l’esclavage sexuel, de la prostitution forcée et d’autres actes d’une brutalité extrême. Nous avons entendu le cas d’une femme de 20 ans qui a été brûlée vive parce qu’elle refusait d’accomplir un acte sexuel extrême. Nous avons entendu parler de nombreux actes sexuels sadiques».

Selon la diplomate onusienne, la guerre est devenue un prétexte aux pires exactions contre les femmes, souvent les premières victimes de ce conflit armé. Un véritable marché d'esclaves sexuelles aurait été créé, les plus jeunes et jolies prisonnières de Daesh étant vendues à des prix élevés à Raqqa, coeur du territoire détenu par le groupe terroriste.

La violence sexuelle, une arme de destruction massive

La représentante de l'ONU parle d'une véritable institutionnalisation de la violence sexuelle, qui serait devenue partie intégrante de la stratégie de l'Etat islamique. 

Dans un rapport de mars dernier, les Nations Unies estimaient que 2 500 femmes et enfants «pour la plupart membres de minorités ethniques et religieuses» sont retenus dans le Nord de l’Irak.

Plus largement, voilà quelques années que l'ONU et les associations de défense des droits de l'Homme pointent l'utilisation de la violence envers les femmes comme stratégie de guerre pendant les conflits armés. Les viols sont ainsi assimilés au pillage et le corps des femmes considéré comme un butin de guerre. Ainsi en République du Congo, l'ONU a pu parler d'un véritable «gynocide» dans le conflit en cours qui oppose le gouvernement congolais à des forces séparatistes.

Aujourd’hui 80% des victimes des conflits armés sont des civils, dont une majorité de femmes et d’enfants.