«Nous sommes de plus en plus convaincus que, cherchant un changement de régime à Damas, Washington est prêt à "conclure un accord avec le diable", s’allier à des terroristes endurcis qui rêvent de remonter le cours de l’histoire et imposer par la force leurs lois inhumaines», assure le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
La manière dont s'est développée la situation en Syrie au cours des dernières semaines a mené Moscou à douter des véritables intentions de Washington, selon la diplomatie russe. Ainsi, le ministère russe des Affaires étrangères affirme que les Etats-Unis «n’ont jamais vraiment fait pression sur le Front Al-Nosra, ils n’ont rien fait pour la délimitation [entre terroristes et groupes d'opposition] et n’ont pris aucune disposition contre ses combattants».
Bien que le Front Al-Nosra n’ait jamais participé à aucun accord de paix, Washington «le couvre sous le bouclier des groupes d’opposition qui ont formellement confirmé leur participation au cessez-le-feu». Moscou a rappelé que, en février dernier, le directeur de la CIA, John Brennan, avait personnellement promis d'identifier les groupes terroristes qui agissent en Syrie.
Le 1er octobre, les Etats-Unis avaient admis ne pas avoir ciblé les positions des terroristes du Front Al-Nosra. Le porte-parole du département d’Etat américain, Mark Toner, a justifié cette inaction par le fait que des combattants d’autres groupes s’étaient mélangés avec le Front Al-Nosra. Le haut responsable américain avait même accusé la Russie. En effet, selon lui, Moscou,«avec le soutien du Bachar el-Assad, pousse[erait] l’opposition modérée dans les bras du Front Al-Nosra» et cette opposition n’aurait pas d’autre choix que de «se tourner vers le Front Al-Nosra» et de lutter à ses côtés.
Washington a en outre entravé les efforts de Moscou pour stopper la progression des terroristes, révèle le ministère russe des Affaires étrangères, qualifiant la décision américaine de suspendre la coopération de reflet de l’incapacité de l’administration de Barack Obama à respecter les conditions de la coopération russo-américaine sur la Syrie.
La coopération a-t-elle encore une chance ?
L’ambassadeur de Russie à l’ONU, Vitali Tchourkine, qui a pris le 3 octobre le poste du président du Conseil de sécurité de l’ONU, a exprimé de son côté ses inquiétudes face à l’arrêt de la coopération russo-américaine sur la Syrie. Néanmoins, il a insisté sur le fait que cet échec ne mènerait pas à une autre «guerre froide» entre Moscou et Washington.
«Je pense que vous dramatisez le caractère de nos désaccords avec les Etats-Unis», a-t-il répondu à un journaliste lors d’une conférence de presse, tout en ajoutant qu’il existait encore une chance de relancer la coopération.
Pour le moment, l’objectif principal en Syrie pour la Russie est d’empêcher l’offensive du Front Al-Nosra sur Alep, où environ 1,5 million de personnes risquent d’être assiégés par les terroristes, selon l’ambassadeur russe à l’ONU.
A plus grande échelle, l’objectif à long terme de la Russie dans la région est d’«expulser les terroristes» de Syrie et d’Irak. Il s'agit là du seul moyen de sécuriser la vie des civils qui vivent sous la menace constante d'extrémistes, selon Vitali Tchourkine.