«Au cours de l’année écoulée, 77 autres bombardements sur des structures médicales soutenues ou gérées par MSF ont été dénombrés en Syrie et au Yémen», a déclaré Christopher Stokes, le directeur général de Médecins sans Frontières, devant les journalistes, dans un hommage aux victimes de l’attaque de Kunduz le 3 octobre 2015.
Lors de son allocution, il a mis en évidence qu’une guerre «sans limites» mène à un «champ de bataille sans médecins». Malgré les promesses, la situation dans le monde ne s’est pas améliorée et les hôpitaux sont toujours pris pour cible, coûtant la vie à de nombreux patients, médecins et infirmiers.
«La situation est sans précédent. Les hôpitaux sont maintenant devenus des champs de bataille», a-t-il regretté, en soulignant qu’on les frappe désormais «systématiquement» dans le cadre de la guerre contre le terrorisme.
La destruction de l’hôpital traumatologique de Kunduz ainsi que les attaques meurtrières contre des établissements de soins en Syrie et au Yémen ont amené le Conseil de sécurité des Nations unies à adopter la résolution 2286, en mai 2016. Cette dernière condamne fermement les attaques contre des structures de santé et exige de tous les acteurs du conflit qu’ils respectent leurs obligations en vertu du droit international. Mais cela n'a pas changé grand-chose, d’après Christopher Stokes, qui accuse les Etats signataires d’hypocrisie.
«D’une main, ils signent la résolution garantissant la protection des établissements de santé, et de l’autre, ils restent directement impliqués ou complices d’attaques contre des professionnels de la santé et des patients dans les zones de conflits», a-t-il poursuivi.
De plus, MSF s’indigne que les parties belligérantes fuient leurs responsabilités en qualifiant leurs attaques «d’erreurs» tragiques.
«Aucune des sept frappes aériennes menées sur des hôpitaux cette année n’a fait l’objet d’une enquête indépendante par un organe international. En cause, l’absence totale de volonté des Etats de laisser un organisme extérieur enquêter sur leurs pratiques militaires», a-t-il déploré.
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