«Voulez-vous que l’Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non-hongrois en Hongrie sans l’approbation du Parlement hongrois ?» C'est la question à laquelle les citoyens hongrois ont été invités à répondre, dimanche 2 octobre, à l'occasion d'un référendum organisé à l'initiative du gouvernement, qui avait été annoncé dès février dernier. Une victoire du «non» représenterait un plébiscite en faveur du Premier ministre Viktor Orban, qui n'a cessé de critiquer – et de refuser d'appliquer – le plan de Bruxelles de répartition des migrants entre les différents Etats de l'Union européenne (UE). A ce jour, les autorités hongroises n'ont en effet accordé aucune place d'accueil aux migrants.
Avec le référendum, nous pouvons envoyer un message à chaque Européen
Dans une tribune publiée la veille du scrutin, samedi 1er octobre, le dirigeant hongrois a encouragé ses concitoyens à se mobiliser en nombre afin d'aider le gouvernement à lutter contre les décisions de «l'élite à Bruxelles». «Avec le référendum, nous pouvons envoyer un message à chaque Européen : leur dire que cela dépend de nous, les citoyens européens, de ramener l'UE à la raison, dans un effort commun, ou de la laisser se désintégrer», a expliqué le chef du gouvernement.
De son côté, le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, a fait savoir que le scrutin n'avait aucune dimension juridique du point de vue du droit européen, rappelant que les «Etats membres ont la responsabilité légale d'appliquer les décisions prises». Pour autant, le plan de répartition de 160 000 demandeurs d'asile voté (à la majorité) par les Etats européens il y a un an n'a guère été respecté, seuls quelques milliers de migrants, selon l'agence AFP, ayant été à ce jour relocalisés. Ce plan, officiellement, a pour but de permettre à certains Etats comme l'Allemagne de ne pas supporter seuls la charge que représente cet accueil des migrants.
Un vote en faveur de la politique migratoire de Viktor Orban constituerait, toutefois, un retentissant camouflet pour Bruxelles, quelques mois seulement après le vote en faveur du Brexit (la sortie du Royaume-Uni de l'UE). «Si des référendums sont organisés sur chaque décision des ministres et du Parlement européen, l'autorité de la loi est en danger», s'était ainsi alarmé l'été dernier le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Outre les dirigeants des institutions européennes, le parti pris anti-accueil des migrants de Budapest était également parvenu à énerver le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, qui avait ni plus ni moins appelé à l'exclusion de la Hongrie de l'UE, le 13 septembre.
Le «non» donné largement vainqueur... mais le nombre de votants serait insuffisant
D'après un sondage mené par le think-tank Nezopont à la sortie des urnes, publié dimanche en fin d'après-midi, 95% des votants hongrois auraient rejeté le plan européen de répartition des migrants. Néanmoins, le même sondage avance que le taux de participation pour ce référendum n'aurait pas atteint la barre de 50% du corps électoral requise pour que le scrutin soit validé.
En d'autres termes, malgré une victoire écrasante du «non», le résultat de ce référendum ne devrait pas pouvoir être reconnu.
Avant l'échéance de dimanche, afin d'empêcher le nombre de votants d'atteindre le seuil fatidique des 50%, les partis d'opposition de gauche et les ONG de défense des droits de l'Homme avaient appelé les Hongrois à boycotter le référendum.