C’est la deuxième fois que le président ukrainien accuse la Russie avec preuves à l'appui en plein milieu d'un évènement international.
En savor plus : Kiev a constaté qu’il n’y avait pas de troupes russes dans le Donbass
L’intervention du président ukrainien Petro Porochenko à la conférence sur la sécurité de Munich n’est pas passée sans surprises : pendant son discours, Porochenko a montré aux participants du forum des passeports et des carnets militaires qui appartiendraient à des militaires russes impliqués dans le conflit ukrainien.
« J’ai apporté avec moi des passeports et des carnets militaires de soldats et d'officiers russes présents sur notre territoire », a déclaré Porochenko, ajoutant que c’était « la meilleure preuve » de la présence militaire russe en Ukraine.
C’est la deuxième fois que le président choque la communauté internationale. Il avait déjà montré, à l'occasion du forum économique de Davos, le fragment d’un autobus qui venait d’être bombardé, douze civils avaient trouvé la mort.
« Je vous présente le fragment de l'autobus de Volnovakha avec des traces des missiles russes qui ont tués nos citoyens », a déclaré Petro Porochenko en posant une plaque jaune sur la tribune. Le président ukrainien a voulu montrer « un symbole de l’attaque terroriste contre son pays » qu’il juge comparable à l’attaque de Charlie Hebdo ou à la catastrophe du Boeing 777 tombé près de Donetsk en juillet 2014, attaque dont « un officier russe est responsable » selon le président.
L’expert russe Alekseï Moukhine a dit à RT que Porochenko essaye de rallier la communauté internationale à sa cause pour servir ses intérêts personnels.
« Plus Porochenko mettra l’accent sur des arguments émotionnels et ignorera des faits évidents, plus il ressemblera à une personne qui tente de rabâcher dans son propre intérêt une idée ou des circonstances qui lui sont favorables. Et Porochenko a un intérêt actuellement – éviter la cessation de paiements pour l’Ukraine car la responsabilité de cette faillite pèserait sur ses épaules et sur les épaules du gouvernement d’Arséni Iatseniouk », pense Moukhine. Selon l’expert, l’usage des arguments émotionnels met en évidence l'absence de preuves sérieuses qu’il aurait très certainement rendues publiques si elles existaient.
L’histoire des relations internationales a déjà vu des cas où les Etats présentent délibérément des preuves qui, par la suite, se sont avérées fausses. En 2003, l’Irak a subi une deuxième intervention étrangère qui été justifiée par les Etats-Unis à l'aide de faux renseignements et de preuves fabriquées pour persuader la communauté internationale que l'Irak élaborait des armes de destruction massive. Pour plus d'effet, à l’Assemblée générale des Nations Unies, l’ancien secrétaire d'Etat américain Colin Powell a même dévoilé un tube censé contenir des armes biologiques que des agents de renseignement américain étaient censés avoir trouvées en Irak.