«Depuis décembre dernier et la création du groupe international de soutien sur la Syrie, ils nous promettent de distinguer le Front Al-Norsa de l'opposition. Mais jusqu’à maintenant, malgré leurs promesses répétées et leurs obligations, ils ne peuvent pas ou ils ne veulent pas le faire. Nous avons de plus en plus de raisons de croire que leur plan a toujours été d'épargner le Front Al-Nosra pour la réalisation d'un éventuel "plan B" ou pour la deuxième étape du conflit qui prévoit de renverser le régime syrien», a répondu le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, à une question posée concernant le manque de dialogue entre Washington et Moscou, dans le cadre d'une interview accordée à la chaîne de télévision britannique BBC.
Etant donné que le Pentagone ne peut pas expliquer son refus de reconnaître le Front Al-Nosra comme une organisation terroriste, Sergueï Lavrov est persuadé que ses homologues américains pourraient avoir perdu le contrôle de la situation en Syrie.
«S’ils ne présentent pas des preuves contraires, je pense qu’ils pourraient agir dans l'intérêt du Front Al-Nosra ou qu'ils soutiendraient d'une manière silencieuse cette organisation terroriste», a-t-il précisé.
Le chef de la diplomatie russe a également fait remarquer une récurrence intéressante : l’histoire montre qu’au moins trois organisations terroristes auraient été créées à cause de la politique étrangère américaine.
«Si l'on se penche sur l'histoire, on verra qu’Al-Qaïda est née sous l’administration Reagan car les Etats-Unis soutenaient le mouvement des moudjahidine en Afghanistan pour lutter contre l’Union soviétique. Sous l’administration George W. Bush, Daesh a été créé après que ses troupes ont envahi l’Irak et démoli toutes les structures dans lesquelles des sunnites étaient impliqués, quelles qu'elles fussent, l’armée, les forces de l’ordre ou la police. Je crains que l’administration actuelle des Etats-Unis n’entre dans l’histoire comme une administration qui a favorisé le renforcement du Front Al-Nosra et l'a soutenu», a conclu Sergueï Lavrov.
Etats-Unis : c’est la faute de Moscou si nous n'avons pas réussi à séparer l'opposition des terroristes
Après la diffusion de cette interview du ministre russe sur la BBC, le Pentagone a réfuté les insinuations laissant croire que Washington soutenait les terroristes du Front Al-Nosra et accusé la Russie, d’avoir mal géré la diversité des combattants que l'on trouve dans le conflit syrien. Selon le porte-parole du département d’Etat américain, Mark Toner, la Russie par son soutien à Bachar al-Assad, «pousse l’opposition modérée dans ses bras» et elle n'a pas d'autre choix que de «se tourner vers le Front Al-Nosra» et de lutter à ses côtés.
«Dans les années 2014 et 2015, nous avons frappé les positions du Front Al-Nosra. Mais vu que ses combattants s’étaient mélangés avec d'autres groupes et avec des civils, nous avons décidé de limiter nos frappes pour minimiser les pertes parmi les civils», a-t-il fait savoir.