Un tribunal italien vient d'interdire le service Uber-Pop après que des associations de chauffeurs de taxi avaient déposé à la mi-avril un recours devant le tribunal de Milan (nord) contre le service qu'ils accusent de faire de la concurrence déloyale. L'entreprise américaine a annoncé qu’elle ferait appel et dit vouloir «éviter que des centaines de milliers de citoyens italiens soient privés d’une solution sûre, fiable et économique pour circuler dans leurs villes» selon son directeur juridique, Zac De Kievit.
L'Italie rejoint ainsi la liste des nombreux pays en Europe et dans le monde qui ont décrété progressivement durant l'année 2014 «l'arrêt total ou partiel des activités de Uber-Pop sur leur territoire». Irrités à la fois par son hégémonie, les disfonctionnements et les polémiques qu'elle créé, certains pays ont carrément déclaré la guerre à l'entreprise américaine.
France, la zone grise.
L'hexagone fait parti des rares endroits où Uber-Pop n'a pas encore été interdit, la cour d'appel de Paris ayant reporté sa décision à la fin du mois de septembre. En attendant, le service bénéficie donc dune «zone grise judiciaire» qui lui permet d'exercer sans trop de problèmes. Des spots publicitaires sont même diffusés sur certaines radios pour vanter le système de Uber-pop qui permet «d'arrondir ses fins de mois», ce que les chauffeurs de taxis parisiens trouvent «inadmiscible».
En décembre dernier, les associations de taxis rassemblés aux abords des aéroports d'Orly, de Roissy et porte de Saint-Cloud, avaient fortement perturbé les accès à la capitale en bloquant la circulation. Quelques échauffourées avaient été constatées.
Par ailleurs, le préfet du Nord, Jean-François Cordet vient d'interdire par le biais d’un arrêté, «l’activité de transport de voyageurs entre particuliers de type Uber-Pop» dans tout le département pour une durée de quatre mois.
Le 22 mai dernier, le conseil constitutionnel avait déjà interdit à Uber de faire de la «marraude», c'est à dire d'attendre le client à un endroit stratégique comme les gares ou les aéroports. Il ne peut également pas être hélé dans la rue et doit «retourner à la base entre deux courses».
Au Royaume-Uni, courses fantômes et coups de klaxons.
La police britannique enquête sur la facturation de «courses-fantômes», c'est à dire qui n'ont tout simplement jamais eu lieu. Explication : Des petits malins utiliseraient les comptes Uber d'autres personnes pour voyager gratuitement. Si certains évoquent un piratage informatique, l'entreprise se défend en expliquant que les usagers ont tout simplement protége leur compte avec un code «trop facile à deviner». Une enquête publiée fin mars avait pourtant révélée que des milliers de comptes Uber étaient en vente pour quelques dollars sur le «darknet».
Par ailleurs, des centaines de blackcabs se rassemblent régulièrement dans le centre-ville de Londres pour de grandes et bruyantes manifestations. En témoigne cette vidéo de RT du 26 mai dernier.
En Belgique, condamnations et altercations musclées.
La capitale belge est la première à avoir condamné un chauffeur employé par Uber pour «infraction à la réglementation relative au transport rémunéré de personnes». Le véhicule de ce dernier a été saisi.
Plus de 600 taxis avaient manifesté en mars dernier entre la gare du Nord et les abords du quartier qui accueille les institutions européennes à Bruxelles. Le cortège était composé de belges, mais aussi de français de Lille, Paris ou même Aix-en-Provence venus «par solidarité avec les collègues belges» mais aussi «parce qu'il faut agir au niveau européen».
C'est également à Bruxelles que les plus violentes altercations ont eu lieu. En marge des manifestations, des chauffeurs de taxi s'en prenaient aux employés d'Uber en lançant des oeufs et autres projectiles sur ces derniers et n'hésitant pas, dans certains cas, à les sortir du véhicule pour les passer à tabac.
Au Pays-Bas, amendes et enquètes criminelles.
La justice néerlandaise a, quant à elle, décidé qu'Uber était tout simplement dans l'illégalité : Des procureurs ont annoncé l'ouverture d'une enquête criminelle contre l'entreprise àprès qu'un juge ait condamné trois chauffeurs de taxis, membres de Uber-Pop, à 1500 euros d'amende parce qu'ils transportaient des passagers sans permis.
Le bureau du ministère public a annoncé dans un communiqué que Uber était désormais «suspect» et a déclaré le lancement de l'enquête préliminaire afin de déterminer si Uber «s'est rendue coupable de l'organisation du transport illégal de passagers à des fins commerciales».
En décembre, des juges néerlandais avaient déjà interdit à Uber-Pop d'enregistrer des réservations via son application smartphone, menaçant la compagnie d'une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 euros.
Uber serait-il intouchable ?
Un service «de qualité», «convivial», «rapide» et «efficace». Voici comment Uber décrit ses prestations. Malgré toutes ses démêlées judiciaires, le géant américain continue de se défendre. Et il le fait même très bien, profitant parfois de la colère de ses détracteurs pour se faire des coups de pubs. Par exemple, alors que les taxis sont en grève, il n'hésite pas à proposer des réductions très alléchantes sur les courses. Ou tout simplement lors de grèves des transports.
En France, les utilisateurs satisfaits de Uber évoquent eux, la ponctualité du service ainsi que la «sympathie et la courtoisie des chauffeurs». Les rafraîchissements et les friandises destinés aux clients à bord du véhicule et la possibilité «de mettre sa propre musique» leur donnent l'impression de recevoir un traîtement de faveur et d'«être reçus comme des princes pour le même prix qu'un taxi».
Pour l'année 2015, l'entreprise américaine promet «la création d'un million d'emplois» et prévoit de dégager un chiffre d'affaire de 10 milliards de dollars. De quoi pouvoir, à coup sûr, se payer de bons avocats.