Depuis le début de la journée, la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), Kinshasa, est le théâtre d'affrontements très violents entre les forces de l'ordre et les opposants au président en exercice, Joseph Kabila. Des manifestants auraient brûlé vif un policier, selon un témoin visuel – une religieuse catholique – cotée par l'AFP. Les affrontements ont par ailleurs fait au moins 17 autres victimes, 14 civils et trois policiers, selon le ministre de l'Intérieur congolais, Evariste Boshab.
Point de départ de la manifestation, la banlieue de Limete est particulièrement affectée. Outre de nombreuses échauffourées, de nombreux véhicules ont été incendiés, les émeutiers s'en prenant également à des bâtiments représentant à leurs yeux le pouvoir, tels le siège du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), un groupe rebelle qui a joué un rôle majeur dans la guerre civile du Congo en 2002 et 2003 et soutien du président Joseph Kabila.
Les forces de l'ordre ont essuyé des jets de pierres aux cris de «Kabila dégage !» et ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. Les manifestants ont bloqué plusieurs artères de Kinshasa, notamment en mettant le feu à des pneus et ont même instauré des points de contrôle afin de de filtrer les voitures.
« Il y a eu des pillages ciblés », a dénoncé le porte-parole du gouvernement congolais, « il y a des gens qui se sont préparés pour faire tout ce désordre ».
L'opposition dénonce le report de l'élection présidentielle
Dans le centre de la ville, les forces de l'ordre ont dû disperser à coups de grenades lacrymogènes une foule de plusieurs centaines de personnes qui tentaient d'avancer vers les bâtiments du parlement congolais, brandissant des drapeaux de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti politique d'Etienne Tshisekedi, opposant historique de Joseph Kabila.
Proclamé vainqueur de l'élection présidentielle pour la deuxième fois en 2011, le président Joseph Kabila est confronté à l'opposition croissante d'une partie de la population qui réclame la tenue de l'élection présidentielle, censée avoir lieu avant le 20 décembre, mais qui a été reportée en 2017 par la Commission électorale nationale de la RDC. Selon la constitution congolaise, arrivé au pouvoir en 2001, Kabila ne peut plus se représenter, et l'opposition l'accuse de vouloir rester au pouvoir.