Après le dépouillement de 90% des bulletins donnés aux élections municipales de dimanche en Espagne, le Parti populaire du Premier ministre Mariano Rajoy est en tête dans la plupart des 8 122 municipalités concernées par le scrutin. L'écart avec d'autres partis, cependant, s'est considérablement réduit.
Au conseil municipal de Madrid, le PP n'a obtenu que 21 sièges sur 57. La coalition Ahora Madrid [Madrid maintenant], soutenue par de nombreux mouvements de gauche tels que Podemos, arrive presque ex aequo avec 20 sièges. Le parti socialiste [PSOE] n’a maintenant que neuf sièges à l’assemblée de la capitale.
Dans la presse espagnole, on entrevoit déjà les pires résultats pour le parti du Premier ministre Mariano Rajoy aux municipales depuis plus de 20 ans. Les électeurs impactés par les coupes budgétaires drastiques du gouvernement actuel se sont tournés vers le mouvement libéral Ciudadanos ou vers Podemos, parti des opposants à la politique d'austérité. De plus, les scandales de corruption en série dans le pays ont aggravé la tendance à la désertion parmi les électorats des partis dominants.
A Barcelone, un autre mouvement soutenu par Podemos, «Barcelona en Comu», et son leader Ada Colau, ont gagné 11 sièges au parlement local, dépassant les partis indépendantistes. Colau a promis la réduction des avantages pour les députés locaux et un plan d’urgence contre la pauvreté.
Le PP et ses adversaires socialistes alternent au gouvernement depuis les années 1990, mais la montée de Ciudadanos à droite et de Podemos à gauche semble annoncer le crépuscule du bipartisme espagnol.
Le démantèlement du système bipartite est un point de convergence, il se trouve au centre du programme des deux étoiles montantes de la politique espagnole. Les derniers sondages ont suggéré que, dans la plupart des municipalités, aucun parti n’a raflé assez de voix pour gouverner seul. Les résultats des élections de dimanche pourraient ainsi signaler la mise en place de nombreux systèmes de cohabitation au niveau local.
La majorité parlementaire du Premier ministre Mariano Rajoy, qui se prépare aux prochaines élections législatives de novembre, se voit désormais menacée par Podemos et Ciudadanos. Les partis ont plu aux électeurs en appelant à plus de transparence et de responsabilité en politique. L’Espagne est l’un des pays européens les plus sévèrement touchés par la crise économique actuelle, avec plus d’un quart des Espagnols actuellement au chômage.
Ces élections, organisées dans 8 000 municipalités situées dans 13 régions espagnoles sur 17, donnent un avant-goût de l’humeur politique dans le pays à l'approche des élections générales de novembre 2015.
«Nous sommes à la croisée des chemins et les cinq années à venir réservent beaucoup de surprises en Espagne. Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’il y aura un afflux croissant de nouveaux partis à tous les échelons du pouvoir», a dit l’écrivain et journaliste Mark Bergfeld à RT.