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Turquie : le ministre des Affaires étrangères turc estime que son peuple ne veut plus de l'UE

Depuis le coup d'Etat du 15 juillet 2016, les relations entre la Turquie et l'Union européenne sont plus orageuses que jamais. Et le gouvernement turc se prévaut du soutien de son peuple, qui serait las du «deux poids, deux mesures» des Européens.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a accusé le bloc européen d'accabler la Turquie de critiques, sans accepter la réciproque. «Le peuple turc se rend compte du deux poids, deux mesures» de l'Union européenne, a ainsi déploré le ministre turc à l'occasion du Forum stratégique de la ville de Bled, en Slovénie.

Les Européens «nous mettent une grosse pression afin de mettre un terme aux négociations» d'adhésion à l'Union européenne, a-t-il relevé, alors que l'adhésion de la Turquie, serpent de mer, est soumise à l'appréciation tatillonne des européens depuis bientôt près de quarante ans.

Aussi, alors que les ministres européens des Affaires étrangères ont appelé à la poursuite du dialogue avec la Turquie, les frictions et les sujets de désaccords persistent entre Ankara et l'Union européenne.

Le peuple turc «traumatisé» et «humilié»

Le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, s'était ainsi indigné, le 31 août dernier, des déclarations du commissaire européen Günther Oettinger. Ce dernier avait estimé que l'accession de la Turquie à l'Union européenne ne serait pas possible tant que Recep Tyyip Erdogan serait à la tête de la Turquie. Des propos relevant de «racisme culturel» selon le ministre turc, alors que l'Union européenne utilise la perspective d'une adhésion comme un «levier pour influencer les politiques dans les pays candidats».

Une attitude paternaliste que le ministre turc des Affaires étrangères avait déjà dénoncée en août dernier : «Le peuple turc est traumatisé», déplorait ainsi Mevlüt Cavusoglu, les Européens «nous humilient au lieu d'aider la Turquie».

Le bras de fer continue

La Turquie est un élément clé dans la stratégie de l'Union européenne pour endiguer l'afflux de migrants sur les côtes grecques et à l'intérieur de l'Union. Depuis mars 2016, Ankara s'est engagée à stopper le flux de réfugiés vers l'Europe.

L'Union européenne, en échange, a accepté de financer une partie du dispositif déployé par Ankara pour atteindre cet objectif et d'accélérer le processus d'intégration de la Turquie, en exemptant de visa les citoyens turcs voulant se rendre dans l'espace Schengen. Ankara accuse l'Union européenne de ne pas avoir honoré toute sa part du contrat et, notamment, de ne pas lui avoir versé les trois milliards d'euros promis.

En savoir plus : Ankara accuse l'Allemagne de «racisme culturel» après les remarques sur son accession à l'UE