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Gabon : l'opposant Jean Ping s'autoproclame président et exige un recompte des voix

Le principal adversaire au président sortant gabonais Ali Bongo a déclaré lors d'une conférence qu'il était désormais le nouveau chef de l'Etat, tandis qu'à Paris la classe politique française réagit aux troubles qui secouent Libreville.

«Le monde entier sait qui est le président de la République : c’est moi, Jean Ping», a affirmé ce vendredi 2 septembre, l’adversaire d’Ali Bongo à la présidentielle gabonaise lors d’une conférence de presse tenue à son domicile de Libreville. «Notre pays évolue vers un chaos généralisé et l'apaisement ne peut survenir que si la vérité des urnes est rétablie et respectée», a-t-il poursuivi.

De son côté, le président sortant Ali Bongo a dénoncé les violences de l'opposition : «Nous sommes aujourd’hui dans une situation où nos forces affrontent des pilleurs instrumentalisés, des casseurs. Nous ne sommes pas devant un mouvement populaire, il n’y a pas de banderoles, de revendication», a déclaré le fils d'Omar Bongo dans un entretien à France 24. 

Selon Le Nouveau Gabon, 27 cadres de l’opposition qui étaient bloqués dans le quartier général de Jean Ping à Libreville ont été libérés. «Le représentant des Nations unies à Libreville, à la demande du président Ali Bongo, s'est rendu au QG de l'opposant Jean Ping pour dire aux personnes qui y étaient bloquées qu'elles peuvent rentrer chez elles», a annoncé un porte parole du gouvernement gabonais.

Les violences se poursuivent en fin de semaine

D'après le décompte de l'agence AFP, les troubles liés à l'impasse politique que traverse le Gabon ont provoqué le décès d'au moins sept personnes.

Selon les témoignages d'habitants de Port-Gentil, la capitale économique du pays, un jeune homme a été tué par les forces de l'ordre dans la nuit de vendredi 2 à samedi 3 septembre.

Par ailleurs, samedi matin, les autorités ont fait état du décès d'un policier, victime de coups de feu à Oyem (dans le nord).

Premières réactions de la classe politique française

La situation gabonaise a aussi un impact en France. Le maire de Bordeaux et candidat à la primaire des Républicains Alain Juppé a appelé dans un communiqué à la cessation des violences, et un recompte des voix. «Les Gabonais doivent obtenir les garanties d'un processus électoral transparent, démocratique et incontestable, qui respecte leur choix souverain», a ajouté l'ex-ministre des Affaires étrangères.

Toujours à droite, le député des Français de l'étranger Alain Marsaud estime que la France doit se garder de toute prise de position en faveur de tel ou tel candidat, afin de ne pas mettre en péril les 10 000 français présents dans le pays. 

«Quand je vois ce qui se passe au Gabon, je souhaite que les résultats de cette élection soient connus. Le sentiment qu’on a, en écoutant les observateurs sur le terrain, c’est que le président Bongo n’a pas gagné cette élection», a affirmé pour sa part François Fillon, candidat lui aussi à la primaire de la droite et du centre.

Cependant, un responsable politique, et pas des moindre, reste particulièrement discret sur le sujet. C'est Nicolas Sarkozy, qui n'a pour l'instant fait aucune déclaration sur les élections gabonaises. En 2009, l’ancien président français avait été l’un des premiers à chaudement féliciter Ali Bongo après son accession au pouvoir. 

A gauche, le Parti socialiste avait clairement exprimé son souhait de voir une défaite du président Ali Bongo. Dans un communiqué publié le dimanche 28 août, le PS déclarait : «Voilà plus d’un demi-siècle que la famille Bongo gouverne le Gabon. Une alternance serait signe de bonne volonté et un exemple.» Une prise de position qui avait suscité la colère de Libreville.

Cependant, le Quai d'Orsay se fait beaucoup plus prudent que Solférino, et se garde bien de soutenir un candidat. Le ministère des Affaires étrangères français appelle à un recompte des voix et un apaisement de la situation : «Nous réitérons notre appel à utiliser toutes les voies de recours prévues par la loi en vue d’un examen transparent et impartial des résultats de l’élection présidentielle pour que la volonté populaire soit respectée. Les autorités françaises sont en contact avec toutes les parties, y compris nos partenaires africains et internationaux, afin de trouver une solution rapide à cette crise.»