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Voile intégral : Qui fait quoi en Europe ?

Le gouvernement néerlandais souhaite interdire partiellement le port du voile intégral. L’occasion de passer en revue les différentes législations en vigueur en Europe.

C’est un débat qui enflamme le vieux continent. Après que plusieurs pays aient légiféré sur la question du voile, c’est donc au tour des Pays-Bas de se pencher sur la question. Ou plutôt de s’y replonger. Avant eux, d’autres nations ont été confronté à la même problématique. Comment les pays européens la gèrent-ils ? Tour d’horizon.

Pays-Bas

Ce vendredi 22 mai, le gouvernement a déclaré vouloir interdire le voile intégral dans certains lieux publics. Écoles, hôpitaux, bâtiments officiels ou encore les transports en commun sont concernés. Le ministère de l’intérieur a annoncé que des "vêtements dissimulant le visage" n'y seront plus tolérés.

L’interdiction se s’appliquera cependant pas dans les rues sauf "situation spécifique". Les contrevenants se verront infligés une amende pouvant aller jusqu’à 405 euros selon la chaîne publique. Le gouvernement se défend de toute motivation religieuse.

Les Pays-Bas n’ont actuellement aucun texte législatif qui interdit le port du voile intégral. Le leader nationaliste Geert Wilders, fondateur du Parti pour la liberté et proche de Marine Le Pen a plusieurs fois tenté de faire passer des lois en ce sens, sans succès. Le projet du gouvernement doit maintenant être approuvé par le parlement. Reste à savoir comment vont réagir les musulmans vivant dans le pays. Ils sont près d’un million.

France

La France, pays qui compte la plus grande population musulmane de l’Union européenne, a été une pionnière. Dès 2010, sous le mandat de Nicolas Sarkozy, a été votée la loi interdisant la dissimulation du visage dans l’espace publique. Une loi qui visait notamment les femmes portant le Niqab.

Déjà en 2004, la législation avait interdit le port de signes religieux ostentatoires à l’école. Mais le simple voile reste autorisé dans l’espace public. L’année dernière, le tribunal administratif de Versailles a suspendu le règlement de la mairie qui souhaitait interdire le port de signes religieux pendant une opération estivale.

En mars dernier, la polémique a repris de plus belle. Et surprise, elle est venue de la gauche. Pascale Boistard, secrétaire d’État aux droits des femmes s’était déclarée opposée au port du voile à l’université. Rejoignant ainsi les positions de Nicolas Sarkozy ou du député des Alpes Maritimes Eric Ciotti. Manuel Valls avait coupé court à la controverse en annonçant qu’une telle interdiction "n’était pas d’actualité".

Belgique

Les Belges ont également été parmi les premiers à agir. En 2010, ils votent une loi interdisant le port du voile intégral dans la totalité de l’espace public. A l’époque, le député libéral Denis Ducarme s’était félicité de cette décision en invoquant une image de la Belgique à l’étranger "de plus en plus incompréhensible". Les contrevenants sont punis d’une amende de 137.50 €.

Dans le pays, les signes religieux ostentatoires sont interdits dans l’enseignement. Au mois de février, Lieven Boeve, le directeur général de l’enseignement catholique flamand a créé la surprise. Il s’est dit pour "l’autorisation de signes religieux dans les écoles" et "l’abandon de l’interdiction du voile".

L’homme a déclaré être plus favorable à l’approche britannique où "l'on accepte sans problème que les fonctionnaires portent un turban" plutôt qu’à la laïcité française qu’il juge "imposée idéologiquement".

Dans les pays qui ne comptent pas de loi

En Allemagne, aucune loi nationale n’interdit le port du voile intégral. Chaque Land a la responsabilité de légiférer. Depuis 2011, six Länder ont voté une loi qui interdit aux femmes enseignantes de porter le foulard. Certains ont poussé jusqu’à étendre la proscription à l’ensemble des agents publics.

L’Italie n’a toujours pas mis au point de texte sur le port du Niqab dans les lieux publics malgré la poussée d'un parti comme la Ligue du Nord. Dans les faits, plusieurs municipalités ont adopté des arrêtés sur la base de lois de sécurité publique datant de 1931 et 1975. Elles interdisent le port de masques et de casques.

Côté espagnol, même constat. Aucune loi mais des initiatives locales. En 2010, Barcelone était la première grande ville d’Espagne à interdire le voile intégral dans ses espaces municipaux. D’autres villes en avaient fait de même. La Cour suprême d’Espagne a cependant cassé ces ordonnances, les considérant inconstitutionnelles.