Le président russe a expliqué aux journalistes de Bloomberg pourquoi la Russie n’avait pas besoin de l’effondrement de la zone euro. Il a rappelé que la Russie gardait 40% de ses réserves de devises en euros, ce qui peut être considéré comme la preuve qu'un tel effondrement n’était pas dans les intérêts russes.
Vladimir Poutine n’a néanmoins pas exclu la possibilité que la zone euro se retrouve réduite : «Je n’exclus pas qu’il y puisse y avoir quelques décisions pouvant consolider un groupe de pays aux niveaux de développement similaires et cela, dans mon opinion, renforcerait l’euro.»
Voici les autres thèmes que Vladimir Poutine a passés en revue :
Il vaut mieux pour le G20 ne pas intervenir en politique extérieure
«Je pense qu’il vaut mieux que le G20 n’intervienne pas dans la politique extérieure [des différents pays]. Il existe d’autres plateformes pour cela. Le G20 a été créé comme une plateforme pour discuter avant tout des problématiques de l’économie mondiale», a déclaré Vladimir Poutine.
Selon lui, la politique influence les processus économiques, mais si l’on ajoute au G20 les questions de politique mondiale, on surchargerait son ordre du jour. Cela mènerait à des discussions infinies sur la Syrie, estime le président russe.
Le gel de l’extraction de pétrole serait une bonne décision pour l’énergie mondiale
Concernant les problématiques énergétiques mondiales, le gel des volumes d’extraction pétrolière serait une bonne décision pour soutenir des prix équitables sur le marché mondial, selon Vladimir Poutine. «Je pense qu’au regard des intérêts économiques et de la logique, il serait bon de trouver un compromis. Nous pensons que c’est une bonne décision pour l’énergie mondiale», a-t-il indiqué.
Le chef d’Etat a déploré que, dans ce cas précis, la question était plus politique qu’économique, l’Arabie saoudite ayant refusé au dernier moment de geler son extraction pétrolière en avril dernier, lors d’un sommet de l’OPEP à Doha.
La Russie ne vend pas ses territoires
Le journaliste lui ayant demandé s’il était prêt à considérer la cession de l’une des îles Kouriles au Japon pour atteindre une résolution politique de ce différend territorial et une plus grande coopération économique avec Tokyo, le président russe a déclaré : «Nous ne vendons pas nos territoires.» Il a néanmoins ajouté que la Russie voulait trouver avec le Japon une solution à cette problématique.
La question des îles Kouriles assombrit les relations entre Moscou et Tokyo depuis plus de 60 ans. Le Japon revendique ces territoires en se référant au Traité commercial et frontalier de 1855, document qui reconnaît ces îles comme japonaises. Moscou estime pour sa part que ces territoires ont été rattachés à l'Union soviétique à la fin de la Seconde Guerre mondiale et que la Russie en a hérités après la chute de l'URSS. Ce différend empêche la signature d'un traité de paix entre les deux pays depuis la fin de la guerre.
La Russie n’est pas impliquée dans le piratage des serveurs du parti démocrate américain
Qui a pu procéder à ce piratage ? «Je n’en sais rien, mais, au niveau gouvernemental, la Russie n’a rien à voir avec cela», a déclaré Vladimir Poutine. Il a appelé à ne pas détourner l’attention de l’opinion publique du cœur du problème en faisant diversion grâce à des questions secondaires concernant le véritable responsable du piratage.
En juillet dernier, Wikileaks avait publié 19 000 emails du Comité national démocrate qui révélaient la collusion entre Hillary Clinton et les dirigeants du parti dans sa lutte contre Bernie Sanders. Washington avait immédiatement accusé les services de sécurité russes du piratage de ces courriers.
La Russie dispose d'assez de réserves pour assurer sa stabilité économique
«Du point de vue de la stabilité économique et des chiffres du commerce extérieur, nous disposons d'un niveau suffisant de réserves de change», a indiqué le chef de l’Etat russe.
Il a rappelé que la Russie disposait de deux fonds : le Fonds de réserve et le Fonds de la richesse nationale, qui s’élèvent au total à 100 milliards de dollars.
La révision du bilan de la Seconde Guerre mondiale est la boîte de Pandore
Face au journaliste facétieux lui demandant pour rire si la Russie était prête à négocier la souveraineté de la région de Kaliningrad, Vladimir Poutine a mis en garde contre toute tentative d’ouvrir «la boîte de Pandore».
«Si quelqu’un veut commencer à réviser les résultats de la Seconde Guerre mondiale, on peut essayer d’en discuter. Mais, dans ce cas, nous devrons discuter non seulement de Kaliningrad mais aussi des territoires de l’Est de l’Allemagne, de la ville de Lvov [en Ukraine] qui avait fait partie de la Pologne, etc. Et il y a aussi la Hongrie et la Roumanie», a indiqué le président russe.