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Suisse : les citoyens-soldats vent debout contre la directive européenne de contrôle des armes à feu

La directive visant à renforcer le contrôle des armes à feu que l'Union européenne mijote risque fort de ne pas passer au pays des soldats qui gardent leur arme chez eux, même après avoir raccroché l'uniforme.

Bruxelles prépare sa directive de contrôle des armes à feu depuis les attentats de Paris de novembre 2015. Une série de mesures vise à renforcer le contrôle de la possession et de la circulation des armes à feu dans l'espace européen, faute de contrôles aux frontières. Mais la directive pourrait rencontrer une très forte opposition en Suisse, où il est de tradition de posséder une arme, d'autant que la quasi-totalité de la population masculine est astreinte au service militaire.

En 2015, 11% des 20 600 soldats qui ont quitté l'armée après de bons et loyaux services ont choisi, comme la loi les y autorise, de garder leur arme à la maison. En 2013, la Suisse, pays de la démocratie directe, a voté pour le maintien du service militaire obligatoire.

La Suisse concernée en raison de la convention de Schengen  

Si la Suisse ne fait pas partie de l'Union européenne, elle a toutefois rejoint en mai 2004 les pays signataires de l'accord de Schengen. La convention crée un espace de libre circulation, appelé communément «espace Schengen» qui comprend 26 Etats membres. Aussi, les directives de l'Union européenne peuvent ainsi impacter les Etats non-membres de l'Union mais qui appartiennent à l'espace Schengen, comme la Suisse.

Une solide tradition de soldats-citoyens

La Suisse est un pays neutre et le peuple est tenu de participer à la défense nationale, sur le modèle du peuple-armée et de la conscription universelle (pour les hommes). Les Helvètes sont donc astreints à un service militaire jusqu'à l'âge de 30 ans pour les soldats du rang et jusqu'à 50 pour les officiers supérieurs. Chaque année, les soldats suisses consacrent un certain nombre de jours à s'exercer au maniement des armes. Au cours de sa vie, un Suisse est tenu de passer 260 jours sous les drapeaux pour un simple soldat, et jusqu'à 730 jours pour un adjudant-chef.

«Avec notre démocratie directe, les Suisses ont l'habitude d'avoir le dernier mot», prévient le militant pro-armes Dominik Riner.