Vincent Martinez, délégué du personnel (CGT) à la maintenance, a vu son recours gracieux rejeté par la direction d'Air France, trois semaines après la décision de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, de valider son licenciement, contre l'avis de l'Inspection du travail.
Le magasinier de 28 ans, entré dans la compagnie le 1er septembre 2006, fait partie des cinq salariés convoqués les 27 et 28 septembre devant le tribunal de Bobigny, pour des faits de «violences volontaires en réunion». Il est accusé d'avoir bousculé un vigile à l'occasion d'une manifestation contre des suppressions d'emplois le 5 octobre 2015 au siège d'Air France, à Roissy.
Ce jour-là, «je n'étais pas dans un esprit de violence, au contraire plutôt d'apaisement», a déclaré à l'AFP Vincent Martinez, soulignant faire l'objet d'une plainte du vigile et non des cadres d'Air France qu'il dit avoir «protégés».
«Ni le ministère du Travail, ni la direction d'Air France n'en ont tenu compte», regrette-t-il, dénonçant une décision politique visant son organisation syndicale, à la tête de la contestation contre la loi Travail de Myriam El Khomri.
«Dans les locaux du ministère du Travail, Air France jouait à domicile», a-t-il ironisé.
Son avocate a d'ores et déjà formé deux recours contre la décision du ministère, auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise (Val d'Oise) : l'un pour excès de pouvoir, et l'autre en référé.
Sollicitée, la direction d'Air France n'a pas souhaité faire de commentaire.
Dans un communiqué, le syndicat CGT de la compagnie a dénoncé «un acharnement de la direction» qui a pris une décision «éminemment politique», preuve de sa volonté «d'attaquer violemment le monde du travail et la CGT».
Il appelle l'ensemble des salariés d'Air France à manifester devant le tribunal de Bobigny les 27 et 28 septembre «pour exiger la relaxe» de tous les prévenus.
Onze salariés sont également poursuivis pour avoir secoué le portail d'accès au siège d'Air France, ce qui a permis l'envahissement d'un comité central d'entreprise où 2 900 suppressions d'emplois étaient annoncées. Un d'eux fait partie des cinq prévenus pour violence.
Vincent Martinez se dit «serein mais aussi pressé d'y être» pour apporter la preuve qu'il n'avait «pas l'intention de faire mal» au vigile. Bousculé, ce dernier a entraîné dans sa chute le DRH d'alors, Xavier Broseta.
Les images du dirigeant obligé d'escalader un grillage pour fuir une foule hostile, sa chemise arrachée, avaient fait le tour du monde et déclenché de nombreuses réactions politiques.