«Je suis très ferme sur le sujet. A mon avis, personne n'a à dire aux femmes ce qu'elles peuvent porter et ce qu'elles n'ont pas le droit de porter. Point final.» C'est dans ces termes que Sadiq Khan s'est exprimé lors d'une visite dans la capitale française en compagnie de la maire de Paris. «Je ne dis pas que c'est parfait, mais l'un des avantages de Londres, c'est que nous ne nous contentons pas de "tolérer" les différences, mais nous les respectons, nous les embrassons et nous les célébrons», a déclaré le maire musulman dont la famille est originaire d'Inde.
Incompréhension au Canada
Alors que les controverses municipales françaises dépassaient les frontières, le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait par ailleurs lui aussi désavoué les initiatives des maires français et réaffirmé son attachement à l'«acceptation» de l'autre, critiquant la notion française de «tolérance», selon lui trop limitative : «Au Canada on devrait être au-delà de la tolérance. Tolérer quelqu'un, c'est accepter qu'il ait le droit d'exister mais à condition qu'il ne vienne pas trop nous déranger», avait-il ainsi jugé le 22 août dernier, se faisant le chantre du multiculturalisme. «Au Canada, peut-on parler d’acceptation, d’ouverture, d’amitié, de compréhension ? C’est vers là que nous allons et c’est ce qu’on est en train de vivre tous les jours dans nos communautés diverses et riches, non en dépit, mais à cause de ces différences», a conclu Justin Trudeau.
Non loin de la France, en Catalogne, le maire de Barcelone, se prononçant sur les mesures prises en France, a fait savoir qu'il se refusait à interdire le port du burkini sur ses plages, indiquant qu'il ne pouvait pas «autoriser la discrimination contre le droit des femmes».
Les médias et les leaders d'opinion internationaux très critiques
Les images des policiers municipaux verbalisant deux femmes sur la plage de Nice ont fait le tour du monde, suscitant de nombreuses réactions, souvent indignées. Et tandis que, sur les réseaux sociaux, les hashtag #Wearewhatyouwant et #WTFfrance sont devenu viraux, les médias internationaux s'emparent de la controverse niçoise du burkini. Pour The Independent et Fox News, les choses vont trop loin et la polémique touche au ridicule.
Pour d'autres médias, les arrêtés anti-burkini introduisent une forme de discrimination, excluant ainsi certains citoyens de la communauté nationale, qui deviendraient alors des «étrangers dans leur propre pays».
Les éditorialistes ne sont pas tendres non plus avec la France. Ainsi l'activiste britannique Sara Khan, qui écrit par ailleurs pour le Huffington Post, le Guardian et The Independent, s'interroge sur la réalité de la menace que représenterait une femme en burkini pour la sécurité de l'Etat français. Elle dénonce ce qu'elle considère comme une «violation de la dignité humaine».
Avec le slogan «Nos corps, nos vêtements, notre choix», largement repris par les utilisateurs des réseaux sociaux, l'organisation Amnesty international a pour sa part réaffirmé son soutien aux adeptes du burkini et met en avant la liberté de se vêtir comme on l'entend.
Dans le monde arabophone, les médias ne se privent pas non plus pour pointer les contradictions de ce qu'ils jugent comme une liberté d'expression à géométrie variable, en détournant la devise de la République française.
Le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction administrative française, doit se prononcer ce vendredi 26 août sur la légalité d'un arrêté anti-burkini pris par la commune de Villeneuve-Loubet dans les Alpes-Maritimes. Un jugement attendu et qui pourrait faire jurisprudence, alors que de nombreuses communes ont pris de semblables arrêtés.