Les cancaniers en question ont été pris en train de critiques un mariage controversé. Celui de Nazhoud Goutchigov, 46 ans, commissaire de police dans la région Nozhaï-Yourtovski, et Kheda (Louisa) Goïlabieva, une adolescente de 17 ans, selon la chaîne de télévision locale Grozny TV.
Selon les médias, Ramzan Kadyrov, qui a lui-même participé à la noce, aurait fait la leçon aux utilisateurs de l’application WhatsApp en soulignant la sensibilité des Tchétchènes quant à l’exposition publique de leur vie privée : «Vous torturez les gens. Aimeriez-vous devenir un sujet de discussion semblable ? Connaissez-vous ce qui arrive à celui qui entache la réputation d’une jeune fille ? Il devient un ennemi et une vendetta est déclarée contre lui».
Il a en outre conseillé à ceux qui répandent ces rumeurs de renoncer à utiliser l’application.
«Soyez Tchétchènes, pensez à vos enfants. L’honneur de la famille est la choses la plus importante, ne laissez personne le diffamer. N’utilisez pas WhatsApp. Hommes, ordonnez à vos femmes de quitter les groupes [WhatsApp]», a-t-il dit.
La chaîne Grozny TV a diffusé le discours de Kadyrov qui avait été enregistré et mis en ligne. Reste que personne ne pour l’instant comment le chef de la République tchétchène a pu obtenir les messages WhatsApp qui «ridiculisaient le mariage».
Jeudi, Ramzan Kadyrov, grand utilisateur d’Instagram, avait publié ses critiques à l’encontre des réseaux sociaux qui «diffusent des histoires inventées et des calomnies, en trompant la population tchétchène». Il a ajouté qu’il avait discuté de ce problème avec le nouveau ministre de la politique nationale Djamboulat Oumarov et les dirigeants des chaînes locales de télévision.
C’est n’est pas la première fois que le président tchétchène s’acharne contre WhatsApp. En mars dernier, il avait proposé de limiter l’accès aux messageries et réseaux sociaux, en estimant que ces derniers aidaient à propager des rumeurs. «On n’a pas besoin d’étaler sa vie en public. Ma femme et mes enfants n’utilisent pas les réseaux sociaux, ils n’ont pas de comptes personnels», a-t-il expliqué.
Le mariage controversé
Nazhoud Goutchigov et Kheda Goïlabieva se sont mariés le 16 mai dans la capitale tchétchène Grozny. Ramzan Kadyrov figurait parmi les invités, qualifiant la cérémonie de «mariage du siècle». Même si ce n’est pas un cas unique pour la Tchétchénie, le mariage de ce quadragénaire avec une adolescente a suscité l’indignation de l’opinion publique, après que des médias russes aient affirmé qu’il s’agissait d’un mariage forcé. Des rumeurs prétendent même que la mariée était dans l’incapacité de quitter son domicile en raison de checkpoints installés autour de chez elle par le chef de la police. Les activistes des droits de l’homme ont dénoncé des menaces de représailles exercées contre la famille de la jeune fille. De plus, des informations ont présenté Goutchigov comme un homme déjà marié et père de famille.
Les membres de la famille de la jeune mariée ont rejeté toutes ces accusations, en niant qu’ils éprouvaient une quelconque pression. La mère de Kheda a, pour sa part, déclaré qu’elle soutenait la décision de sa fille.
Le leader tchétchène en personne s’est impliqué dans la campagne de dénégations, en expliquant qu’«une personne de confiance» avait rendu visite à la future fiancée et avait confirmé son consentement, de même que celui de sa famille.
Avant le mariage, la médiatrice russe pour les droits de l’homme Ella Pamfilova avait demandé à Pavel Astakhov, médiateur pour les enfants, d’enquêter sur les circonstances de ce mariage.
Le médiateur lui a répondu qu’en Russie, «le droit de la famille dit que dans des cas exceptionnels, l’âge minimal de mariage peut être établi par les autorités régionales. En Tchétchénie, il s’agit de 17 ans, 14 ans pour la Bachkirie ou 16 ans dans la région de Moscou».
«Il y a des régions où l’âge minimal de mariage n’est pas établi du tout. Dans le Caucase russe, l’émancipation et la puberté arrivent plus tôt. Il existe des endroits où les femmes sont toutes ridées vers 27 ans et nous semblent en avoir au moins 50 ans. En tout cas, selon la Constitution, on ne peut pas s’ingérer dans les affaires privées des citoyens», a écrit le responsable sur les réseaux sociaux.
Pavel Astakhov a, par la suite, dû présenter ses excuses concernant ses remarques sur les «femmes ridées», qui ont suscité une grande controverse. Une pétition appelant à sa démission sur Change.org a même été lancée. Mercredi 33 000 signature réclamaient déjà son départ.