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Afghanistan : l'armée afghane contrainte d'envoyer des renforts face à l'avancée des talibans

Pour contrer l'avancée des insurgés dans la province clé de Helmand, dans le sud du pays, l'ANA (Armée nationale afghane) a annoncé mercredi 10 août avoir envoyé de nouveaux renforts pour protéger Kaboul, la capitale, encerclée par les talibans.

«Nous avons déjà envoyé des renforts hier [le 10 août] dans le Helmand et encore aujourd'hui», a expliqué à l'AFP le porte-parole du ministère de la Défense, Dawlat Waziri. «Les combats continuent mais nos forces ont vaillamment repoussé les nombreuses attaques des talibans», a-t-il affirmé. 

Les combats se sont notamment intensifiés dans le district de Nawa, verrou stratégique à quelques kilomètres à peine de Lashkar Gah, capitale provinciale de près de 200 000 habitants.


Sa chute aux mains des talibans représenterait un coup dur pour l'armée afghane, épaulée par les frappes aériennes américaines depuis le début de l'offensive des insurgés islamistes, il y a une dizaine de jours.

En 14 ans de guerre, les talibans n'ont pu prendre qu'une seule capitale de province, Kunduz (nord), qu'ils ont contrôlée pendant deux semaines en octobre 2015.

Les combats ont provoqué le déplacement d'environ 30 000 personnes ces dernières semaines dans le Helmand, selon les autorités locales. De nombreux habitants ont fui vers la ville de Lashkar Gah, abandonnant leurs fermes en pleine saison des récoltes.

Des habitants paniqués de Lashkar Gah décrivent une ville assiégée, certaines routes menant vers les districts environnants ayant été minées par les insurgés. Les autorités redoutent une crise humanitaire ne survienne, évoquant des pénuries de nourriture et d'eau. 

Alors que les combats se rapprochent dangereusement de Lashkar Gah, où l'organisation Médecins sans frontières (MSF) gère le seul véritable hôpital du Helmand, l'organisation non gouvernementale (ONG) a indiqué à l'AFP avoir légèrement réduit son dispositif sur place et évacué le personnel non médical. MSF a par ailleurs rappellé sur Twitter, dans la soirée du 10 août, qu'elle avait partagé les coordonnées GPS de l'établissement hospitalier avec toutes les parties au conflit.


En cas d'intensification des combats, l'ONG voudrait éviter qu'un nouveau drame se produise : l'an dernier, son hôpital de Kunduz avait été sérieusement endommagé par une frappe américaine qui avait fait 42 morts parmi le personnel et les patients.

Une armée en difficulté ?

D'intenses combats ont également éclaté dans le district de Nad Ali, où les forces gouvernementales tentaient de déloger des insurgés, situé à proximité de Lashkar Gah. 

Malgré l'appui des forces étrangères et les frappes aériennes de l'armée américaine, le gouvernement afghan n'a jamais pu asseoir son autorité sur la totalité du Helmand, dont les talibans occupent de nombreux districts et contrôlent les champs de pavot qui assurent près des trois-quarts de la production mondiale d'opium.

Jugée peu fiable et mal armée, l'ANA est l'objet de nombreuses inquiétudes quant à sa capacité de repousser durablement les talibans sans le soutien de troupes étrangères.