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McCain : les Etats-Unis sont en partie responsables de l’emploi de bombes à sous-munitions par Kiev

Les Etats-Unis sont en partie responsables de l’utilisation aveugle de bombes à sous-munitions dans l’est de l’Ukraine. C’est ce qu’a dit le sénateur américain John McCain à l’agence d’information russe Sputnik tout en justifiant l’envoi d’armes.

Pour McCain, cela est dû au fait que les Etats-Unis ne livrent pas encore d’armes à l’Ukraine.


« Je pense que si nous avions fourni les armes dont ils ont besoin, ils n’auraient pas jugé nécessaire d’utiliser des bombes à sous-munitions. C’est en partie notre faute », a dit à Sputnik le sénateur John McCain qui est aussi président du Comité des forces armées du Sénat.


Human Rights Watch (HRW) a confirmé les rapports de novembre selon lesquels les troupes de Kiev ont lancé des bombes à sous-munitions dans des zones résidentielles au sud-est de l’Ukraine et notamment à Donetsk et à Lougansk. De plus, selon l’ONG, une arme à sous-munitions utilisée à Donetsk le 2 octobre a causé la mort d’un employé du Comité international de la Croix-Rouge.


L’utilisation d’armes à sous-munitions est interdite en droit international humanitaire. 114 pays ont signé un traité de l’ONU qui interdit l’utilisation de telles armes dont les sous-munitions qui peuvent partir par centaines dans n’importe quelle direction au cours de leur explosion.


HRW a reproché à Kiev de ne pas enquêter sur l’utilisation aveugle de bombes à sous-munitions contre la population civile à l’est du pays. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a répondu qu’il n'existe aucune preuve et suggéré à l’ONG de se concentrer sur la Crimée qui fait partie intégrante de la Russie depuis son rattachement à la Fédération en mars 2014.

McCain a aussi souligné que la fourniture d’armes à l’Ukraine devrait s’accompagner de l’envoi de conseillers militaires américains. « Il en faut quelques-uns [des conseillers militaires] », a dit Mc Cain. « Mais il n’en faut pas beaucoup et ils ne doivent pas être engagés dans les combats. Nous n’enverrons pas les troupes américaines aux combats, mais nous les aideront [les Ukrainiens] à se défendre ».


McCain est une des personnalités politiques américaines qui prônent activement l’extension de l’aide militaire à l’Ukraine au-delà des munitions et des formations dispensées actuellement. Un petit groupe de conseillers militaires américains travaille déjà en Ukraine depuis l’année dernière.


Le sénateur a précisé que l’Ukraine a besoin de lance-missiles antichar Javelin et de soutien en matière de renseignement.


La question d’envoyer ou non une aide létale à l’Ukraine est un des grands débats de la semaine en politique américaine. La Maison Blanche a annoncé lundi 2 février qu’elle continuait à examiner « toutes les options » concernant sa réponse à apporter à la crise ukrainienne. « Nous continuons à évaluer la meilleure façon de soutenir l'Ukraine », a déclaré la porte-parole du département d'Etat américain Jen Psaki ce lundi. « Nous avons pour but de poursuivre l’élaboration d’une solution par des moyens diplomatiques et nous évaluons toujours différentes options qui aideraient à créer les conditions d’une solution négociée à la crise. »

Entretemps, le conseiller adjoint à la sécurité nationale Ben Rhodes a déclaré sur CNN le 2 février que la livraison d'armes au gouvernement ukrainien ne résoudrait pas la crise dans le pays. « Nous ne croyons pas qu’on puisse répondre à la crise en Ukraine par une livraison d'armes accrue », a-t-il souligné. Au contraire, « le meilleur moyen » est d'imposer plus de sanctions économiques à la Russie, a assuré le fonctionnaire de la Maison Blanche.

En savoir plus : Etats-Unis : des livraisons d’armes à Kiev « n’est pas la réponse » à la crise ukrainienne

De plus, le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest a déclaré ce lundi en conférence de presse que les Etats-Unis envisagent différents moyens d’accorder un financement supplémentaire à Kiev.

La guerre civile en Ukraine a coûté la vie à plus de 5 000 civils et a eu un impact énorme sur l'économie du pays.


Le président russe Vladimir Poutine a déclaré en décembre que le conflit ne devait être résolu que par des négociations directes entre Kiev et les insurgés. Il a aussi souligné que l'offensive dans le sud-est du pays a commencé à l’initiative de Kiev, pas des milices locales. Les milices du Donbass formées après le coup d’Etat de février 2014 à Kiev ont relayé le mécontentement d’une grande partie de la population locale à propos du nouveau gouvernement intérimaire soutenu par l’Occident.

La violence s’est intensifiée entre les forces anti-gouvernementales et les troupes de Kiev en janvier après des mois de trêve fragile. Moscou continue à convier les deux parties au conflit à respecter l’accord de cessez-le-feu signé en septembre.

La ville de Debaltsevo est devenue le théâtre de combats particulièrement violents entre les troupes ukrainiennes et les insurgés. Jeudi 5 février, la milice de Donetsk a proposé d’arrêter les tirs à partir de 9 heures du matin, heure locale (0600 GMT) le lendemain afin de constituer un couloir humanitaire de fuite à l’usage des civils de la ville. Kiev aurait accepté le cessez-le-feu.