Lors des négociations qui ont duré trois heures, les deux présidents ont discuté de la crise syrienne. Comme l’a reconnu Vladimir Poutine, les positions des deux pays n’ont pas toujours coïncidé, mais les deux chefs d’Etat se sont mis d’accord pour qu’il y ait une autre rencontre avec la participation des représentants des services spéciaux russes et turcs pour échanger des informations et chercher des solutions.
«Je crois qu’il est possible de trouver une approche commune, au moins parce que nous voulons tous les deux que la crise soit terminée. Nous l’utiliserons comme une base pour trouver des solutions communes», a déclaré Vladimir Poutine.
Vers l'annulation des sanctions contre la Turquie
Vu la forte baisse subie par les échanges commerciaux entre les deux pays ces derniers mois, «la tendance est très triste. Nous avons un travail difficile à faire pour réanimer la coopération économique et commerciale», a annoncé Poutine, lors d'une conférence de presse avec Erdogan, après une rencontre qualifiée de «constructive» et «franche».
«Ce processus a déjà été lancé, mais il prendra un certain temps», a-t-il précisé.
La Russie envisage d'ailleurs d'«annuler par étapes les mesures spéciales économiques et les restrictions sur les sociétés turques», a déclaré le président russe après les négociations avec son homologue turc.
A la fin de son discours le président russe a déclaré : «Nos discussions ont confirmé que nos deux pays avaient toutes les possibilités de rétablir des relations normales, à tous les niveaux, qui pourraient renforcer la stabilité, non seulement dans notre région, mais aussi dans le monde entier».
D'après des chiffres fournis par le Kremlin, les échanges commerciaux ont chuté de 43%, à 6,1 milliards de dollars (5,5 milliards d'euros), de janvier à mai cette année.
Le ministre russe du Développement économique Alexeï Oulioukaev, cité par l'agence de presse Interfax, a d'ailleurs estimé qu'il faudrait environ deux ans pour retrouver le volume d'échanges d'avant la crise.
Une seconde vie de Turkish Stream
Le projet Turkish Stream pourrait avoir une seconde vie. Lors de ces négociations, les deux présidents ont échangé sur les grands projets qui demandent une solution politique, dont le projet Turkish Stream et la centrale nucléaire d’Akkuyu.
Vladimir Poutine a fait remarquer que la partie turque avait pris certaines décisions politiques sur ces projets. Recep Tayyip Erdogan a confirmé ces propos, déclarant que son pays était prêt à faire transiter le gaz russe vers l’Europe via la Turquie.
«Le gazoduc TurkStream sera réalisé le plus vite possible», a assuré le chef de l'Etat turc lors d'une conférence de presse.
Le projet Turkish Stream a été suspendu l’année dernière en raison des tensions entre la Turquie et la Russie, provoqué par un SU-24 russe abattu par les forces aériennes turques en Syrie. Turkish Stream avait été annoncé en décembre 2014 par le président russe lors de sa visite en Turquie. Ce gazoduc devait alors remplacer le projet abandonné du South Stream, passant par la Bulgarie.
L'idée était non seulement d'alimenter la Turquie mais d'en faire un pays de transit pour approvisionner le Sud de l'UE à la place de l'Ukraine. Le projet initial prévoyait des premiers approvisionnements fin 2016 avec à terme, une capacité considérable de 63 milliards de m3 par an, ensuite abaissée à 32 milliards.
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