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«Recrute huit décapiteurs, pas sérieux s'abstenir», l'offre d'emploi originale de l'Arabie saoudite

Les autorités saoudiennes souhaitent recruter huit bourreaux chargés d'exécuter les condamnés à mort ou d'amputer les voleurs. Pragmatiques et visiblement au fait des réalités du marché du travail, elles ont simplement fait passer une offre d'emploi.

Cette annonce mise en ligne sur le site du très austère ministère saoudien du Service public est très claire et laisse peu de place à l'imagination : aucune qualification particulière pour les candidats n'est requise mais le maniement du sabre serait un plus.

Et si traditionnellement le métier de bourreau passait de père en fils, l'Arabie saoudite semble vouloir entrer dans une certaine modernité en élargissant désormais cet emploi à tout intéressé.

Outre bien sûr la décapitation des condamnés à mort qui peut être appliquée par l'interprétation rigoriste de la Charia pour viol, meurtre, apostasie, vol à main armée et trafic de drogue, les futurs fonctionnaires seront aussi appelés à pratiquer «des amputations» sur des personnes condamnées pour vol.

Mais que les futurs candidats ne s'imaginent pas accéder à un poste rémunérateur puisque l'offre de travail précise, toujours très sérieusement, que les futurs salariés commenceront au plus bas de l’échelle des salaires des fonctionnaires religieux. Cependant, ils peuvent toujours espérer toucher une prime de 1000 dollars par tête décapitée versée actuellement à certains bourreaux de la région de Qassim.

Le zéle décapiteur des autorités saoudiennes s'est aussi accompagné du recrutement de nouveaux magistrats qui peuvent désormais juger d'avantages d'affaires en appel. De quoi ne pas laisser oisives les huit futures recrues.

Cette annonce apparait alors même que l'Arabie saoudite est observé de plus en plus près par les ONG internationales. Le Royaume wahhabite est ainsi régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits de l’homme pour ses exécutions de condamnés à mort qui se font par décapitation au sabre et en public.

Ainsi, d'après Human Rights Watch, 85 exécutions ont eu lieu depuis le début de l'année 2015, soit presque autant que le total des exécutions pour toute l'année 2014. Selon Amnesty International, le pays est le troisième pays pratiquant le plus d'exécutions capitales, après la Chine et l'Iran mais devant l'Irak et les Etats-Unis. Toujours selon l'ONG, le trafic de drogue en Arabie représente plus de la moitié des exécutions depuis le début de l'année.

Cependant certains diplomates estiment que la recrudescence des exécutions dans le pays pourrait aussi être la réponse judiciaire aux troubles politiques internes et régionaux que connaît le pays. Il s'agit pour les autorités saoudiennes d'une nouvelle étape dans le tour de vis sécuritaire effectué depuis le début de l'année.

En janvier, le blogueur Raif Badawi a été condamné à dix ans de prison et mille coups de fouet pour avoir fondé un forum internet permettant aux saoudiens d'exprimer leur opinion. Une punition exemplaire pour dissuader d'autres activistes de passer à l'action.

Certains observateurs estiment qu'il s'agit pour le nouveau roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud arrivé au pouvoir en Janvier 2015 de marquer son autorité.