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En Allemagne, deux Syriens créent une application pour aider les migrants dans leurs démarches

Deux migrants syriens, avec l'aide d'une «école pour l'intégration par le numérique», ont programmé une application baptisée «Bureaucrazy» dont le but est de permettre aux immigrés de mener à bien leurs démarches dans le dédale de l'administration.

L'application centralise plusieurs types d'information : la mise à jour des horaires d'ouvertures, les transports en commun permettant de se rendre d'un bureau à l'autre... Elle permet même aux migrants candidats à l'asile d'être alertés de la fermeture d'un guichet – pour travaux ou déménagement par exemple – que l'administration allemande aurait oublié de relayer.

Cette application propose de surcroît des traductions en arabe des documents administratifs allemands, pour lesquels il n'existe pas encore de traduction, ainsi que des algorithmes de décision permettant, par exemple, de choisir sa banque ou son université.

«C'est très frustrant», déplore ainsi l'un des deux auteurs de l'application, Ghaith Zamrik, 19 ans, arrivé de Damas en 2015. Selon lui, à son arrivée à Berlin, seuls quatre des huit formulaires administratifs qu'il devait remplir et signer comme demandeur d'asile étaient traduits en arabe.

Réduire la fracture numérique et lutter contre les discriminations

Mais les migrants sont confrontés à d'autres difficultés, plus exotiques, que les Européens connaissent bien : «En Syrie, on avait toujours moyen d'éviter la paperasse, même si ça impliquait un petit billet... Mais ici, ce n'est pas possible», explique l'autre père de l'application, Munzer Khattab, qui compare l'administration allemande au jeu de société labyrinthique des «Snakes and Ladders»...

Forts de ce constat, à savoir l'impossibilité de contourner la complexité administrative des pays occidentaux avec des bakchichs, que les deux immigrés syriens se sont attelés au codage d'une application pour smartphone. Pour réaliser leur projet, les deux hommes ont bénéficié du soutien de l'Association pour l'intégration par le numérique (ReDI), basée sur les rives des lacs que l'on trouve entre Potsdam et Berlin.

Mais, généreusement, les deux programmeurs souhaitent que l'application ne bénéficie pas seulement aux quelque 1,2 million de migrants arrivés en Allemagne depuis 2013, mais aussi aux Allemands du cru, ainsi qu'aux immigrés intra-européens eux aussi confrontés à la complexité des démarches administratives. 

«De nombreux Roumains et Espagnols nous ont fait part de leur intérêt pour l'application. Ce sont des problèmes qu'ont tous les réfugiés», estime Munzer Khattab.