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L’auteur de l’exposé dévastateur sur le programme nucléaire Trident s'est rendu aux autorités

Selon l’agence d’information Sky News, William McNeilly a été arrêté par la police, sur fond d’inquiétudes des experts sur le sort du lanceur d’alerte sur les défauts du programme nucléaire britannique.

William McNeally, a été placé en détention sous surveillance militaire dans la nuit de lundi à mardi, a fait savoir une porte-parole de la Royal Navy aux médias britanniques.

Un ancien officier de la marine, William McNeilly s’était enfui après la publication, en coopération avec Wikileaks, d’un rapport détaillé de 18 pages révélant de nombreuses défaillances de sécurité du programme nucléaire Trident du Royaume-Uni. La Royal Navy (Marine royale) et la police étant toutes les deux sur son dos, l’auteur des révélations a déclaré lundi qu’il entendait se rendre à la police.

«Je ne peux rien faire depuis la prison ; dorénavant, tout ce qui se passe dépend de vous et du gouvernement», a écrit McNeilly sur sa page Facebook. En avouant qu’il se déplaçait constamment entre différents pays, en changeant son lieu de résidence «presque chaque jour», l’ex-officier a raconté qu’il «manquait de ressources pour rester inaperçu».

Maintenant, les experts tout comme le peuple britannique s’inquiètent du sort de l’homme dont l’exposé a eu l’effet d’une bombe et n’a pas seulement suscité des doutes sur la sécurité nucléaire du pays, mais a fait ressurgir le débat public sur l’attitude des autorités britanniques envers les lanceurs d’alerte.

«[S’il se rend vraiment à la police,] je n’ai aucun doute qu’il sera interrogé par le ministère de la Défense et se verra passer par des procédures disciplinaires», a dit Rob Edwards, journaliste écologiste de chez Sunday Herald, à RT, en ajoutant qu’une pétition réclamant la grâce pour McNeilly a été lancée au Royaume-Uni.

En notant la contradiction entre la rhétorique officielle du gouvernement qui encourage les citoyens à prendre la parole, et ce qui se passe lorsque des révélations sont vraiment publiées, une ex-agent du MI5 (Service de renseignements britannique) et lanceuse d’alerte Annie Machon a raconté à RT que «le gouvernement britannique traite les dénonciateurs d’une façon épouvantable».

«Les lanceurs d’alerte sont les régulateurs de la dernière chance, lorsque toute autre forme d’imposition de responsabilité, de supervision et de justice a échoué, nous avons besoin de ces gens courageux qui se manifestent», a-t-elle dit dans une interview, en ajoutant que «révéler ce qui ne va pas est une tradition plutôt bien établie au Royaume-Uni».

Il est vrai qu’un nombre considérable d’histoires choquantes ont déjà surgi concernant des responsables ou fonctionnaires qui ont été intimidés ou licenciés après avoir voulu lancer une alerte ou révéler des défaillances. Le National Health Service (système de santé publique britannique) et le Metropolitan Police Service (police londonienne) ont déjà vu de telles histoires au sein de leurs départements être exposées au public.

Il y a moins d’un an, le Comité permanent des comptes publics a publié un rapport affirmant que le traitement des auteurs de révélations occupant une fonction publique était «choquant» et a créé un climat tel qu’une grande partie des fonctionnaires «auraient peur de révéler des méfaits du gouvernement».

Les autorités ont également changé la législation concernant les activités des fonctionnaires en leur interdisant de s’adresser à la presse sans une autorisation préliminaire des autorités, un acte considéré comme une menace directe aux dénonciateurs. En réponse, certains journaux britanniques ont établi des systèmes spécialisés où les informateurs peuvent transmettre leurs données sans avoir peur d’être punis.

Mais, comme a raconté Annie Machon à RT, les révélations publiées par les militaires ou les agents de sécurité sont passable d’une peine de prison conformément à la Loi sur les secrets officiels de 1989. L’exposé de William McNeilly pourrait justement tomber sous le coup de cette loi : l’ex-officier pourrait faire face à deux ans de prison.

En savoir plus : «Une catastrophe nucléaire à retardement»: la Royal Navy lance une enquête sur un rapport WikiLeaks