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L’armée russe ouvre des couloirs humanitaires à Alep, des combattants tentent d'en bloquer l’accès

Alors que l’armée russe a ouvert quatre couloirs humanitaires pour les civils et les combattants ayant accepté de rendre les armes, les citoyens de la ville syrienne assiégée d’Alep se sont empressés de venir chercher des biens de première nécessité.

Une opération «exclusivement humanitaire», indique la Défense russe

Trois passages permettant d’évacuer les civils de la partie assiégée de la ville, à l'Est, vers des endroits sûrs, ont été mis en place le 28 juillet par le Centre russe pour la réconciliation des parties belligérantes en Syrie, en coopération avec les forces syriennes.

«L’opération d’Alep est exclusivement humanitaire et nous sommes prêts à faire tout ce qui est possible pour aider les civils pacifiques qui sont otages des terroristes, et même les militants qui désirent déposer les armes», a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Des hélicoptères syriens ont survolé les zones sensibles en distribuant des fascicules pour indiquer aux résidents où exactement ils pouvaient trouver de l’aide, sous forme de nourriture, de produits d’hygiène basiques et de biens de première nécessité.

Selon les estimations de Kirill Savin, du Centre russe pour la réconciliation, plus de 250 000 civils pourraient utiliser les couloirs humanitaires, autour desquels les forces russes distribuent de grandes quantités de farine, de céréales et de sucre aux Aleppins.

«Ce couloir ne fonctionnera que durant les heures où il fait jour», a indiqué Kirill Savin, ajoutant que des bus et d’autres moyens seront mis en place afin que les gens puissent se réfugier dans des infrastructures temporaires, en sécurité.

Toutefois, certains combattants empêchent des dizaines de famille de quitter la zone assiégée, a expliqué le gouverneur d’Alep, Mohammad Marwan Olabi, à l’agence de presse syrienne SANA.

L’ONU propose à la Russie de lui transférer la responsabilité des couloirs

L’envoyé spécial des Nations unies en Syrie, Staffan de Mistura, s’est réjoui de l’initiative de la Russie, l’invitant à laisser à l’organisation internationale le soin de gérer les couloirs humanitaires.

«D’après ma compréhension, les Russes sont ouverts à des améliorations majeures. Les Nations unies et les partenaires humanitaires […] ont de l’expérience. C’est notre métier. Assurer l’assistance humanitaire et le ravitaillement des civils, où qu’ils se trouvent, est exactement ce pour quoi les Nations unies sont là», a-t-il déclaré lors d'une conférence à Genève, le 29 juillet.

L’ambassadeur de la Russie auprès de la représentation des Nations unies à Genève, Alexeï Borodavkin, a répondu par le biais de l’agence de presse russe RIA Novosti, que son pays étudierait minutieusement et prendrait en compte sa suggestion.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, s’est lui aussi montré positif envers l’initiative, appelant Moscou à «coopérer avec les Nations unies et les groupes d’aide internationale pour améliorer l’accès humanitaire aux citoyens d’Alep». 

Du côté de la France, on est en revanche moins enthousiaste. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal, a en effet estimé dans un communiqué de presse que la solution humanitaire consistant à «demander aux habitants d'Alep de quitter la ville» n'apportait pas de réponse «crédible» à la situation des civils syriens.

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