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Ukraine : Les insurgés accusent Kiev d'avoir planifié une provocation à la veille du Forum de Munich

A Donetsk, les insurgés déclarent avoir des preuves d’un plan de provocation concocté par le gouvernement de Kiev à la veille du Forum de Munich. Les forces gouvernementales, pendant ce temps, continuent le bombardement intensif de la ville.

Edouard Basourine, vice-ministre de la Défense de la République autoproclamée de Donetsk, a annoncé mercredi avoir des preuves du fait que Kiev a planifié le bombardement d’un bus civil à Debaltsevo. Il a dit que l’information provient du témoignage d’un officier ukrainien, le lieutenant-colonel Aleksandr Marchenko, qui s’est rendu aux forces d’autodéfense le 2 février. Le gouvernement ukrainien, d’après Basourine, pensait recourir à cette manipulation pour discréditer la république autoproclamée et la faire reconnaître à l’international comme une organisation terroriste.

Cette déclaration est venue à quelques jours d’une rencontre internationale clé à Munich en Allemagne, à savoir le 51ème Forum de Munich sur les politiques de défense qui se tiendra du 6 au 8 février. La lutte contre le djihadisme et les voies de résolution de la crise ukrainienne seront les principales questions à l’ordre du jour. La chancelière allemande Angela Merkel, le vice-président américain Joe Biden et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov sont parmi les invités de marque du forum.

Pendant ce temps, Donetsk ploie quotidiennement sous les tirs d'artilleries de Kiev. C’était au tour d’un hôpital de subir un tir d’obus mercredi, plus de 15 victimes sont à déplorer selon les autorités locales. Quatre à dix morts sont annoncés sur le site web du procureur ukrainien, les insurgés sont mis en cause.

Basourine dénombre six morts et vingt-huit blessés à Donetsk dans la seule journée d’hier à divers endroits bombardés par les forces gouvernementales. Ces dernières, si l'on en croit le vice-ministre, procèdent à un pilonnage intensif et indiscriminé de Donetsk et de sa banlieue.

« Au total, on a répertorié 26 cas de bombardement dans différents quartiers », a précisé Basourine. « Les cibles principales étaient des hôpitaux et des écoles. Il y a beaucoup de victimes ». D’après le vice-ministre, les forces gouvernementales ont ensuite braqué leurs canons sur Gorlovka.

En savoir plus : Ukraine : un hôpital bombardé à Donetsk, plusieurs victimes sont à déplorer (VIDEO)

Kiev prétend systématiquement que les insurgés eux-mêmes prennent les civils pour cible. Les organisations de défense des droits de l’homme, dans leurs rapports, attribuent pourtant un certain nombre d’attaques contre des objets civils aux autorités ukrainiennes.

Human Rights Watch (HRW) a regretté que Kiev renonce à enquêter sur l’utilisation indiscriminée par ses troupes de bombes à fragmentation interdites en droit international. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a répondu à cela qu’il n’existait « aucune preuve » et a suggéré à l’ONG de se concentrer sur la Crimée qui s’est séparée de l’Ukraine et rattachée à la Russie en mars 2014.

« Iatseniouk et beaucoup d’autres gens comme lui ont l’air de considérer comme impossible l’application objective des lois et coutumes de la guerre par les deux parties… Plutôt que de nier les violations commises par ses forces armées, Kiev doit reconnaître certains faits évidents et arrêter les opérations militaires erratiques », a dit Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch, ajoutant que son organisation « a publié beaucoup de preuves que l’Ukraine refuse de distinguer les cibles militaires des cibles civiles comme l’exigent les lois et coutumes de la guerre ».